: Vidéo En 2012, une mystérieuse maladie ressemblant à une pneumonie sévère avait déjà fait des morts en Chine
En février 2020, un article de la revue "Nature" interpelle la communauté scientifique alors que s'amplifie l'épidémie qui a démarré à Wuhan, en Chine. Un laboratoire de la ville détiendrait un virus proche à 96% du SARS-CoV-2... Aurait-il un rapport avec la pandémie actuelle ? "Envoyé spécial" revient sur l'histoire troublante de six mineurs chinois atteints, en 2012, d'une étrange pathologie respiratoire...
La pandémie de Covid-19 trouverait-elle son origine non pas sur le marché aux fruits de mer de Wuhan, mais au cœur des montagnes du Yunnan, au sud-ouest de la Chine ? Un drame s'y est déroulé il y a huit ans. En avril 2012, six mineurs étaient chargés de nettoyer une mine de cuivre désaffectée en vue de la réhabiliter.
Peuplé de plusieurs colonies de chauves-souris, l'endroit est couvert de leurs déjections, et les hommes passent deux semaines à nettoyer les galeries. Quelques jours plus tard, les six mineurs sont hospitalisés d'urgence. Ils présentent tous les symptômes d'une pneumonie sévère, certains étant en détresse respiratoire. Sur ces six malades, trois décèdent quelques semaines plus tard. Mais de quoi sont-ils morts ?
Le coronavirus identifié en 2013 serait proche à plus de 96% du SARS-CoV-2
A 1 500 kilomètres de là, l'un des trois laboratoires de la ville de Wuhan étudie les coronavirus. Sa directrice adjointe, Shi Zhengli, est une virologue mondialement connue – si réputée pour ses travaux sur les virus de chauves-souris que la communauté scientifique la surnomme "Batwoman" (en français, la "Femme chauve-souris"). Elle est envoyée dans le Yunnan pour effectuer des prélèvements dans la mine. C'est là qu'en 2013, elle découvre le RaTG13, un nouveau coronavirus jusqu'alors inconnu.
Ce virus RaTG13 refera parler de lui en février 2020, dans les colonnes de la prestigieuse revue scientifique Nature. Shi Zhengli affirme alors avoir trouvé dans ses échantillons un virus qui serait proche à plus de 96% du SARS-CoV-2, celui qui est à l'origine du Covid-19. La communauté scientifique s'interroge : depuis quand ce RaTG13 était-il conservé dans le laboratoire de Wuhan ? Pourrait-il avoir joué un rôle dans l'épidémie actuelle ?
Pourquoi les chercheurs chinois n'ont-ils pas évoqué le RaTG13 dès décembre 2019 ?
Pourquoi Shi Zhengli n'a-t-elle pas fait mention de ce virus dès le début de l'épidémie de Covid-19, en décembre 2019 ? "Il y a beaucoup de choses auxquelles on n'a que des réponses partielles, voire pas de réponses", constate le virologue Bruno Canard, directeur de recherches au CNRS. En tout cas, selon lui, "les chercheurs auraient dû se rendre compte immédiatement que la carte d'identité génétique du SARS-CoV-2 de 2020 correspondait à quelque chose qui avait déjà été décrit il y a fort longtemps. (...) Ils auraient dû citer leurs propres travaux. Ils ne l'ont pas fait, alors que c'est une des premières choses qu'ils auraient dû faire."
Sans compter que l'histoire des mineurs du Yunnan comporte un autre élément troublant... A l'été 2020, interrogée par le magazine Scientific American, Shi Zhengli avançait une étrange explication à leur maladie. Elle affirmait qu'ils n'avaient pas été contaminés par un coronavirus, mais par un champignon, qui aurait pénétré dans leurs poumons. Une version qui laisse sceptiques de nombreux scientifiques...
Extrait de "Coronavirus : le mystère des origines", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 11 mars 2021.
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