Vaccins : la levée des brevets peut créer "un choc, une mobilisation", anticipe l'infectiologue Christine Katlama
Il faut une mobilisation mondiale face au virus pour éviter que "des variants de plus en plus contagieux et graves se développent", soutient la professeure.
"La levée des brevets, ça donne un coup, c’est un choc", assure mercredi 7 juillet sur franceinfo Christine Katlama, infectiologue à la Pitié-Salpêtrière. "C’est ça le gros défi", ajoute celle qui fait partie d’un collectif de chercheurs et de professionnels de santé qui défend, dans une tribune publiée par Le Monde, un droit universel de santé. Selon Christine Katlama, "on doit pouvoir sur la planète, s’organiser pour propulser cette vaccination qui empêchera que des variants de plus en plus contagieux et graves se développent". Elle rappelle que "la vaccination nécessite d’avoir les vaccins, une énorme organisation, donc des moyens de santé publique, et des tas de pays n’ont pas ça".
Comme le craignait l’OMS, les inégalités d’accès au vaccin se creusent…
Christine Katlama : Elles se creusent parce que la vaccination nécessite d’avoir les vaccins, une énorme organisation, donc des moyens de santé publique, et des tas de pays n’ont pas ça, n’ont pas non plus l’information ou ne souhaitent pas se vacciner. Regardez en France ! Il y a encore beaucoup de personnes qui ne sont pas vaccinées. Imaginez dans des pays où les ressources sont limitées.
"Si on veut faire un front contre cette pandémie, il nous faut ce mur vaccinal à lui opposer."
Christine Katlama, infectiologue à la Pitié-Salpêtrièreà franceinfo
Je pense que les producteurs du vaccin les ont produits aussi avec l’argent de l’État, c’est une question de sécurité de notre planète. Il faut [lever les brevets]. Ça va être long de vacciner tous les pays, mais il n’y aura pas de cesse. Il n’y a même pas à réfléchir.
En quoi ça accélère l’accès aux vaccins à court terme de lever temporairement les brevets ?
C’est vraiment un choc, une mobilisation. C’est extrêmement important que les États comprennent que l’urgence planétaire est d’organiser les vaccinations, pour mettre très vite en route des traitements. On n’a pas beaucoup de temps, c’est ça le gros défi. Il y a des pays où ça va être très difficile, il y a des populations qui ne veulent pas se faire vacciner. D’abord parce que le corona, ils le voient de loin, ils sont jeunes… C’est pour cela que c’est extrêmement important de diffuser l’information. On sera plus tranquille lorsque l’on aura vacciné tout le monde. C’est vraiment une affaire internationale. La levée des brevets, ça donne un coup, c’est un choc. De même que pouvoir vacciner les soignants, ce sont des professions qui doivent assurer la sécurité. Ça doit être très très large : il faut des vaccins, la communication sur les vaccins, et impliquer les sociétés civiles dans ce péril.
Qu’est-ce qui coince à votre avis aujourd’hui, c’est un manque de volonté politique ?
Probablement, ça coince aussi dans les populations. Regardez chez nous, on a beaucoup trop de personnes non vaccinées, y compris dans le personnel en charge de la sécurité des patients. Il faut que ces mesures-là, qui ne sont pas des mesures liées à des pays riches soient partout. Il faut une énorme mobilisation. On doit pouvoir sur la planète s’organiser pour propulser cette vaccination qui empêchera des variants de plus en plus contagieux et graves de se développer.
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