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UE, pays européens, régions : qui peut acheter des vaccins contre le Covid-19 ?

Alors que l’épidémie de coronavirus progresse rapidement, est-il possible que des pays de l’UE ou des régions puissent acheter des doses directement auprès des laboratoires ?

Article rédigé par Gérald Roux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4 min
Une dose du vaccin Pfizer-BioNtech contre le Covid-19 (5 janvier 2021). (SYLVAIN LEFEVRE / HANS LUCAS)

De nombreux pays européens, en premier lieu la France, sont accusés par leurs opinions publiques de vacciner trop lentement. Dans ce contexte, la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse a affirmé sur franceinfo jeudi 7 janvier que l’Allemagne "achète des vaccins en plus" de ceux commandés par l’Union européenne. Avec d’autres présidents de région françaises, Valérie Pécresse veut acheter des doses en direct auprès des laboratoires. Alors, qui peut faire quoi en matière de commandes de vaccins ?

Un pays peut-il négocier "en solo" ?

Théoriquement, ce n’est pas possible puisque les 27 pays membres de l’Union européenne ont décidé d’unir leurs forces il y a des mois pour commander aux meilleurs prix et avec les meilleures garanties des centaines de millions de doses de vaccin contre le Covid-19. Pour l’Allemagne, citée par Valérie Pécresse, il n’y a pas eu d’achats en direct en dehors du circuit de la Commission européenne. La chancelière allemande Angela Merkel a assuré mardi 5 janvier qu’il n’était pas question que son pays fasse cavalier seul.

Reste que Berlin est sous la pression de sa population qui s’impatiente face aux lenteurs du processus de vaccination. Il faut savoir que sur les 200 millions de doses achetées par l’Union européenne à BioNTech-Pfizer, l’Allemagne en a obtenu au prorata de sa population. Mais elle a besoin de plus. Alors, la Commission européenne a commandé 100 millions de doses supplémentaires sur lesquelles elle avait posé une option. Et c’est sur ces 100 millions de doses que les européens sont en discussion pour en distribuer 30 millions à l’Allemagne, alors que le pays ne devrait en recevoir théoriquement que 18 millions, en proportion de sa population. C’est très probablement au sujet de ces 30 millions de doses qu’une confusion a pu s’installer dans l’esprit d’hommes et de femmes politiques comme Valérie Pécresse.  

Les États face à la dure réalité de la production

Cela dit, il est théoriquement possible pour un pays de l’UE de négocier avec des producteurs de vaccins. Les États membres se sont certes engagés, dans le cadre de la stratégie de l'UE, à ne pas mener de négociations parallèles avec les fabricants de vaccins avec lesquels des discussions sont en cours au niveau de l'Union. Cela n'exclut pas la possibilité de participer à des négociations avec d'autres producteurs, selon un document de la Commission européenne. Actuellement, la commission a passé des accords avec six laboratoires et il existe une négociation avec un 7e producteur. Un pays de l’Union peut tenter de négocier avec un laboratoire supplémentaire qui n'appartient pas au groupe des sept labos. Encore faut-il que ce soit jouable.

C'est-ce qui s’est passé en novembre 2020 avec la Hongrie et son turbulent Premier ministre Viktor Orban quand il a annoncé sa volonté de négocier directement avec la Russie pour le vaccin Spoutnik V, reprochant à Bruxelles de l’avoir boudé. Mais, pas plus tard que le 3 janvier 2021, Victor Orban a dû reconnaitre que le vaccin russe n’était pas produit en quantité suffisante et que la Hongrie ne pouvait pas compter sur lui à l’avenir. Car c’est le problème. En dehors du fait que les vaccins doivent être homologués par l’Union européenne, le souci principal est la quantité produite. Ceux qui auraient des velléités de négociations en solo pour obtenir plus de vaccins se retrouveraient face à des laboratoires limités dans leurs capacités de production.

Une région peut-elle commander en direct ?

Ce "mur de la réalité" est le même pour les élus locaux qui souhaitent commander en direct au sein d’un pays membre. Hervé Morin, président de la région Normandie, a déclaré, jeudi 7 janvier sur franceinfo qu’il avait commencé à négocier avec des laboratoires, affirmant que "la loi ne s’oppose pas" à de tels achats. Il compte sur des vaccins qui seraient, selon lui, disponibles "en mars ou en avril". Quant à Renaud Muselier, Président de l’association Régions de France, il a écrit à quatre laboratoires pharmaceutiques pour connaître les conditions dans lesquelles les régions qui le souhaitent pourraient leur commander 10 millions de doses de vaccins. Les quatre labos, Sanofi France, Pfizer France, AstraZeneca France et Moderna, font partie des six avec lesquels la Commission européenne a passé commande.

Contacté par franceinfo, le laboratoire Pfizer, dont le vaccin est autorisé en France depuis le 21 décembre, précise qu'"à ce stade de l'épidémie, Pfizer ne contractualise qu’avec des États. Aucune commande venant d’entreprises, de collectivités ou de particuliers ne peut être prise en compte". Du côté du ministère de l’Industrie, on indique que ce n’est pas en commandant plus de vaccins aujourd’hui qu’il y en aura plus dans les jours ou les semaines qui viennent. Car les laboratoires tournent déjà à plein régime pour tenter d’honorer les commandes passées par l’Union européenne et le reste du monde. "Ce n’est pas en tirant sur l’herbe qu’on la fait pousser", conclut-on au ministère.

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