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Obligation vaccinale : face à de nombreux arrêts-maladie au CHU de Guadeloupe, la direction dénonce "les abus de certains prescripteurs"

Alors que dans certains services du CHU de Guadeloupe jusqu'à 30% des soignants sont en arrêt de travail, le directeur général adjoint a menacé jeudi sur franceinfo de saisir le conseil de l'Ordre des médecins.

Article rédigé par franceinfo - avec AFP
Radio France
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Temps de lecture : 4min
Une infirmière du service de soins intensifs du Centre hospitalier universitaire de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) s'occupe du dossier d'un patient atteint du Covid-19, le 24 septembre 2020. (LARA BALAIS / AFP)

La direction du centre hospitalier universitaire (CHU) de Guadeloupe a alerté jeudi 4 novembre sur "un taux d'absentéisme anormalement élevé" de son personnel soignant depuis une dizaine de jours. Selon le directeur général adjoint Cédric Zolezzi, invité de franceinfo, dans certains services celui-ci atteint 30% des effectifs. La direction met en cause les syndicats, "qui demandent aux agents de s'arrêter" pour protester contre l'obligation vaccinale

"Ils ont la monnaie de leur pièce" car "80% des personnes qui ont été se faire vacciner l'ont été sous la contrainte", a répondu à l'Agence France presse (AFP) Gaby Clavier, délégué syndical de l'UTS-UGTG à l'hôpital de Pointe-à-Pitre/Abymes. La direction menace cependant de saisir le conseil de l'Ordre des médecins pour mettre au jour "les abus auxquels se livrent certains prescripteurs".  

franceinfo : Comment expliquez-vous ces nombreux arrêts maladie ces derniers jours ?

Cédric Zolezzi : Nous souhaitons dénoncer les abus auxquels se livrent certains médecins prescripteurs en Guadeloupe, pas les arrêts de certains agents qui sont  réellement fatigués. Nous pouvons le comprendre puisque la Guadeloupe a connu une quatrième vague particulièrement éprouvante. Cependant, d'autres agents suivent des consignes syndicales, qui demandent aux agents de s'arrêter. Cela est très préjudiciable à l'organisation des soins. On se retrouve avec un taux d'absentéisme anormalement élevé quand on le compare aux années précédentes et quand on le compare à ce que nous connaissons en moyenne sur l'année.

Y a-t-il un lien entre l'obligation vaccinale et ces arrêts maladie ?

Certains agents se sont fait vacciner ou se sont mis en conformité en donnant des certificats de rétablissement, mais répondent néanmoins à une consigne donnée par certains syndicats de se mettre en arrêt maladie. Des prescripteurs leur emboîtent malheureusement le pas.

Combien de personnes sont aujourd'hui suspendues au CHU ?

Un peu plus de 700 agents, toutes catégories confondues, sont aujourd'hui suspendus. Cela représente un peu moins de 20% des effectifs. Cela concerne le personnel administratif, technique, logistique et les soignants. On ne peut pas fonctionner de la même manière, même si l'offre de soins n'est pas désorganisée. Avec le corps médical, on s'est organisés pour payer les heures supplémentaires de tous ceux qui sont volontaires et fidèles au poste. On a mis en place un plan de continuité des activités puisqu'on est amenés à mutualiser certains services en réduisant un petit peu le nombre de lits. Quand vous avez huit agents sur dix présents, vous êtes obligés de revoir le nombre de lits. Néanmoins, on ne laisse aucun patient sans soin. L'objectif de notre communication est de dire : "Attention, on envoie un signal pour dénoncer les pratiques abusives que nous avons détectées chez certains prescripteurs." Le monde est assez petit, la Guadeloupe est une île, donc le corps médical se connaît. Il ne faudrait pas que l'intensification de ces pratiques en vienne à nuire à tous les efforts et à la conformité à laquelle s'est livrée l'immense majorité des soignants.

Comptez-vous saisir le conseil de l'Ordre des médecins comme vous menacez de le faire ?

Il y a le conseil de l'Ordre des médecins et il y a la caisse générale de la sécurité sociale de Guadeloupe, qui peut effectuer un certain nombre de contrôles si on détecte des pratiques abusives en matière de prescriptions médicales. Nous ne souhaitons pas en arriver là mais nous nous réservons ce droit-là si le phénomène devait s'intensifier.

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