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Vaccination antiCovid-19 : "Ça prend du temps, c'est compliqué", explique le président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale en France

Le professeur Alain Fischer assure que le nombre de personnes vaccinées contre le coronavirus va augmenter dans les prochaines semaines et explique pourquoi le démarrage de la campagne vaccinale paraît aussi lent.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le professeur Alain Fischer, pédiatre et immunologiste, coordinateur de la stratégie vaccinale en France. (BENOIT TESSIER / POOL / REUTERS POOL)

"Le vaccin est difficile à transporter, difficile à conserver", a expliqué mercredi 30 décembre sur franceinfo le professeur Alain Fischer, pédiatre et immunologiste, président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale contre le Covid-19 en France, pour justifier le lent démarrage de la campagne de vaccination en France. L'acheminer dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), "ça prend du temps, c'est compliqué" a-t-il insisté avant de promettre une augmentation "croissante" du rythme de la vaccination.

franceinfo : Alors qu'il y avait de l'impatience autour du vaccin, moins de 100 personnes ont été vaccinées sur les trois premiers jours de la campagne de vaccination, pourquoi si peu ?

Alain Fischer : D'abord, nous vaccinons en premier chef les personnes âgées qui résident dans des établissements en longue durée, parce que ce sont les personnes de loin les plus fragiles, les plus vulnérables et aussi les plus exposées, si on pense aux différents "clusters" observés tout au long de l'année. Cette stratégie a une conséquence, elle force à aller plus lentement, car il faut savoir qu'il y a environ 14 000 établissements de ce type en France et que le vaccin est difficile à transporter, difficile à conserver. Donc, la logistique est d'amener le vaccin auprès des personnes. Le vaccin va aux personnes, on ne transporte pas les personnes vers un endroit où est stocké le vaccin. Ça prend du temps. C'est compliqué. Il y a un plan qui a été mis en place et qui va permettre de façon croissante, tout le long du mois de janvier, de vacciner ces personnes. D'ici février, près d'un million de personnes qui sont dans différents types de résidences puissent être vaccinées. Il faut faire les choses correctement.

C'est clairement un problème de logistique ?

Oui, parce que cette logistique est complexe. Il faut amener dans 14 000 établissements, progressivement, un produit qui ne peut se transporter que sur un temps limité à température de +4°C, donc c'est une affaire complexe. Mais progressivement, au mois de janvier, ces personnes seront vaccinées. Il y a un plan construit pour permettre l'accès aux vaccins de tous les résidents des Ehpad et des autres centres de longue durée. Je comprends très bien l'impatience. Nous sommes tous impatients de pouvoir être vaccinés, mais vous faisiez allusion aux craintes suscitées par le fait d'aller trop vite. Il faut raison garder et organiser les choses convenablement, que tout se passe en sécurité en respectant aussi les règles d'éthique. Et je pense que le plan tel qu'il est construit permettra de vacciner en priorité les personnes qui en avaient le plus besoin. Et on pourra débuter en février la vaccination d'autres personnes : les personnes âgées qui résident chez elles, les personnes malades, les professionnels de santé âgés de plus de 50 ans, par exemple.

Un certain nombre de Français affiche leurs réticences à ce vaccin, notamment sur l'efficacité et les effets secondaires. Qu'est-ce que vous avez comme retour et comme message à faire passer ?

Je pense qu'il est légitime que les gens se posent des questions à partir du moment où ce vaccin ou ces vaccins sont tous neufs, ils viennent à peine d'être testés. Mais ils l'ont été de façon extrêmement rigoureuse sur des dizaines de milliers de volontaires de par le monde. C'est pour ça que ces vaccins sont progressivement approuvés, les uns après les autres. Pour l'instant, en Europe, il n'y en a qu'un, mais on peut espérer qu'il y en aura deux autres dans les semaines qui viennent. L'efficacité est là : plus de 95% de protection contre l'infection et une bonne sécurité. Les accidents liés aux vaccins sont tout à fait exceptionnels. C'est ce qui se confirme à travers les vaccinations en cours depuis quelques semaines de par le monde. Il est légitime que les personnes se posent des questions, la réponse est de leur apporter l'information à travers notamment leur médecin traitant, à travers tous les moyens de communication possibles.

Combien de doses de vaccins sont disponibles aujourd'hui en France ?

Il y en a 500 000 qui sont arrivés cette semaine, encore 500 000 doses qui arriveront la semaine prochaine. Ils permettront justement d'accélérer ce programme de vaccination dans les Ehpad. Et puis, des livraisons supplémentaires viendront ensuite en février-mars, en sachant qu'il y a là une petite marge d'incertitude qui est l'autorisation des autres vaccins qui vont arriver pour vacciner un plus grand monde de personnes. L'objectif, c'est encore à peu près 14 millions de personnes d'ici le mois de mai et puis encore sans doute une dizaine de millions d'ici l'été.

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