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"Ils veulent qu’on se fasse vacciner mais on ne peut pas y aller" : la difficile mise en place de la vaccination dans les campagnes

La Bourgogne-Franche-Comté est la deuxième région la plus touchée par l’épidémie de Covid-19 mais elle est aussi la région où l’on vaccine le plus. Pour y parvenir, c’est souvent la solidarité et le système D qui prévalent pour aider les personnes fragiles dans les zones les plus rurales, comme dans la Nièvre.

Article rédigé par franceinfo - Boris Loumagne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Bernard et Christiane 76 et 75 ans, habitent un tout petit village de la Nièvre. Pour eux, se faire vacciner, c'est le parcours du combattant. (BORIS LOUMAGNE / RADIOFRANCE)

Tout un réseau d’entraide s'est constitué devant le centre de vaccination de Clamecy, en Bourgogne-Franche-Comté. La famille d’abord : "On vient faire vacciner nos parents", explique un monsieur. Puis les aides à domicile, comme Agnès qui accompagne Yvette : "Elle ne pourrait pas toute seule, elle ne marche pratiquement plus". Une compagnie très appréciée par l'intéressée : "J’ai quelqu’un avec moi qui est formidable. Il faut le dire !", s’exclame Yvette. Pour prendre rendez-vous, d’autres encore s’appuient sur leurs amis. "Je l’ai fait avec ma voisine par internet", explique une dame.

Les candidats à la vaccination sont nombreux car la région est la deuxième plus touchée de France par l’épidémie de Covid-19 : 2,27% des habitants y sont vaccinés contre 1,63% au niveau national. Un résultat qui repose un peu sur  le système D, comme ici dans la Nièvre, tant l’accès au vaccin est difficile pour les personnes fragiles dans les départements ruraux.

Système D et solidarité

Pas de transports en commun. Certains n’ont pas de véhicule. Alors on s’organise comme on peut. "Le centre social a mis en place des transports à la demande pour que ces personnes-là puissent se rendre plus facilement sur le centre de vaccination de l’Orne", indique la maire de la commune de Corbigny, Maryse Peltier. Et parfois, ce sont même les élus qui servent de chauffeurs. La pharmacienne Marie Halm-Bongard s’est aussi mobilisée. "On a ouvert une page Doctolib. Lorsqu’un patient nous dit : 'J’ai eu du mal à joindre le numéro de téléphone unique’ ou ‘je n’ai pas internet’, on lui propose sa prise de rendez-vous."   

Mais parfois, toute cette solidarité ne suffit pas. "La campagne c’est beau quand on est jeunes", constate fataliste Bernard, 76 ans, qui habite un tout petit village avec sa femme, Christiane, 75 ans. Ils veulent se faire vacciner mais ils n’ont reçu aucune indication de la part de leur commune. Quant à internet, "on n’a jamais appris nous", pointe Christiane. "Ce n’est pas de notre époque !" renchérit Bernard. Alors c’est lors d’une consultation chez leur médecin qu’ils ont découvert, un peu tard, la marche à suivre.

"Il nous a donnés des numéros de téléphone que j’ai appelés. Il y en a qui n’existent plus, d’autres n’ont pas répondu et les autres ne prennent plus de rendez-vous"

Bernard, 76 ans

à franceinfo

"Ils veulent qu’on se fasse vacciner mais on ne peut pas y aller", explique Christiane. "Jusqu’au 15 mars, ils sont surbookés", précise Bernard, à la suite de son périple téléphonique. Dans la Nièvre, les vaccins manquent en effet. La prise de rendez-vous a été suspendue pour quelques jours.  

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