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Covid-19 : un traitement testé en clinique depuis cet été, annonce la start-up Xenothera

Odile Duvaux, la présidente de cette entreprise française qui développe des médicaments contre les coronavirus, était invitée dimanche sur franceinfo. Elle explique qu'un premier lot du traitement anti-Covid XAV-19 est testé en essai clinique "depuis cet été".

Article rédigé par franceinfo
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Un premier lot du traitement sera testé en clinique dès le mois de juin. (JEAN FRAN?OIS OTTONELLO / MAXPPP)

Alors que les vaccins contre le Covid-19 se développent rapidement, "la réponse à l'épidémie n'est pas si simple", alerte Odile Duvaux, présidente de la start-up nantaise Xenothera qui développe des traitements contre le coronavirus. Invitée de franceinfo dimanche 6 décembre, elle trouve "dommage" que l'on n'ait "pas bien expliqué dès le départ que l'on travaillait sur les deux fronts", le vaccin et le traitement. Son entreprise de biotech développe "depuis 2015" des médicaments contre les coronavirus, les "cousins" du Covid-19. Un premier lot du traitement anti-Covid XAV-19 est testé en essai clinique "depuis cet été", indique Odile Duvaux.

franceinfo : La recherche pour un vaccin et la recherche pour un médicament sont-elles complémentaires ?

Odile Duvaux : Oui, quand on est face à un virus il faut vraiment développer deux stratégies pour se dégager de l'épidémie. La première, c'est évident, c'est de soigner les gens qui sont malades. La seconde, dans un deuxième temps, c'est de vacciner les personnes qui sont bien portantes. On sait très bien qu'en termes de vitesse de développement, c'est toujours le traitement qui sort le premier. Les vaccins sont beaucoup plus longs à mettre en place, en particulier parce qu'il faut les valider auprès d'une population beaucoup plus nombreuse. Nous travaillons sur un traitement depuis 2015, aussi étonnant que cela puisse paraître. Nous avons une technologie qui est extrêmement puissante contre les virus. Nous avons dès 2015 identifié le coronavirus comme étant une cible très importante pour nos anticorps. Ce projet coronavirus démarré en 2015, ce n'est évidemment pas contre le virus actuel, mais contre ses cousins. Et nous avons pu cette année sortir rapidement un premier lot de notre médicament pour être testé en clinique depuis cet été.

Est-ce qu'on se focalise trop sur les vaccins ?

Je trouve dommage, effectivement, qu'on ne déploie pas une pédagogie, et que dans la communication politique, dès le départ, on nous dit que la réponse à l'épidémie serait le vaccin. Parce que ce n'est pas si simple. Bien sûr qu'il faut essayer de vacciner, c'est certain. Et tous les espoirs qui sont mis dans les vaccins actuels me réjouissent. Mais malgré tout, je trouve que ça manque de pédagogie. Aujourd'hui, on se retrouve avec une population en général qui n'est pas très favorable au vaccin, qui ne comprend pas pourquoi on lui demande de se vacciner compte tenu du niveau de risque d'une épidémie de ce type-là. Faire prendre des risques sur des nouveaux traitements à des gens qui sont déjà malades, ce n'est pas du tout la même chose que faire prendre des risques sur un nouveau vaccin à des gens qui ne sont pas malades. Alors bien évidemment, on a des autorités sanitaires qui garantissent la sécurité des produits qui sont mis sur le marché. Mais malgré tout, le niveau de risque zéro n'existe pas. Et donc, c'est vrai que c'est dommage qu'on n'ait pas bien expliqué dès le départ que l'on travaillait sur les deux fronts.

Plusieurs médicaments ont été développés, comment expliquez-vous que nous n'ayons toujours pas de traitement aujourd'hui, un an après l'apparition du Covid-19 ?

Alors, c'est compliqué. Il faut quand même dire qu'il y a des traitements qui ont commencé à émerger et qui sont efficaces, et qui sont aujourd'hui utilisés pour les patients qui souffrent de cas graves. On a la dexaméthasone, qui est un corticoïde, un anti-inflammatoire, et on a les antithrombotiques qui sont désormais utilisés de façon régulière et qui soulagent les problèmes des patients. Pour ce qui est des médicaments spécifiques, là c'est beaucoup plus compliqué. Il y a une telle course de vitesse ! Je ne parlerai pas d'enjeux financiers parce que j'ose espérer qu'ils passent au second plan. Mais il y a une course de vitesse pour sauver les patients. Et à ce moment-là, on se trouve face à un risque qui peut être pris. On a eu le cas du remdesivir dont on a beaucoup parlé. Le laboratoire américain Gilead a lancé ce médicament de façon un peu précipitée et sans avoir de résultats véritablement probants. Et il s'est avéré absolument pas efficace alors qu'il avait quand même été vendu par milliards un peu partout [dont une commande de 1,2 milliard de dollars par la Commission européenne en octobre]. Clairement, il faut arriver à gérer l'urgence, mais il faut en toute responsabilité faire des essais cliniques de façon à démontrer le bénéfice des médicaments.

Où en est votre essai clinique ?

Notre essai clinique avance. Il est pour l'instant en France, il va bientôt être déployé en Europe. Les résultats sont pour l'instant des résultats de sécurité, puisque nous avons les premiers patients qui ont reçu des doses qu'on nous a demandé d'être réduites dans un premier temps. Maintenant, nous sommes à la dose efficace et les résultats sont très bons, c'est-à-dire que tous les patients vont bien. On est sur des nombres de patients insuffisants aujourd'hui pour avoir une démonstration statistique de l'efficacité. Mais je pense qu'on l'aura dans les prochaines semaines.

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