"Tout le monde se fiche de nous" : en Grèce, les migrants du camp de Lesbos se disent abandonnés après l'incendie qui a détruit leurs habitations
Le feu a entièrement détruit le camp de Moria où vivaient 12 000 personnes. La plupart des réfugiés ont fui. Ceux qui restent cherchent de quoi survivre dans les cendres malgré l'hostilité grandissante des villageois.
Une immense scène de désolation en noir et gris, comme un paysage de fin du monde. Rien ne reste du camp de Moria, sauf les barbelés, deux jours après l'incendie qui a détruit le site où vivait 12 000 personnes. Tous les migrants ont fui à part un groupe de Somaliens qui a trouvé refuge sous quelques arbres. Mohamed se souvient de cette terrible nuit : "C'était un feu énorme qui a pris dans chaque coin du camp. Les gens criaient, ils fuyaient leurs tentes."
Ce que l'on a vu, c'est le feu de l'enfer. On ne pouvait même pas apercevoir le ciel.
Mohammed, réfugié du camp de Moriaà franceinfo
Les containers où pouvaient s'abriter les migrants, les tentes, les cahutes où les migrants avaient improvisé des écoles ou des salons de thé, tout est calciné. Les squelettes noircis des oliviers maudissent le ciel et cette odeur de cendre. Le feu couve encore là où des milliers de réfugiés s'entassaient dans la plus grande promiscuité. Seul le vrombissement incessant des hélicoptères qui vient éteindre les derniers feux brise le silence.
Certains, comme Hussein, ont pu sauver leurs papiers d'identité, le bien le plus précieux, mais rien pour s'abriter. Rien non plus à se mettre sous la dent. "Tout le monde se fiche de nous. Nous sommes ici depuis deux jours".
Il n'y a rien à manger, aucune organisation n'est là. Même la police se fiche de nous.
Hussein, réfugié de Moriaà franceinfo
"Vous voyez, on essaie d'aller dans les ruines chercher des choses qui n'auraient pas brûlé, nous lance Hussein. Et on essaie de cuisiner quelque chose parce qu'il n'y a rien, pas de nourriture, pas d'eau, rien." Il a pu récupérer un vague réchaud calciné, trouver quelques paquets de riz dans un container miraculeusement préservé. À peine commence-t-il à faire chauffer un peu d'eau que deux grecs en colère lui crient d'arrêter. "Pas de cuisine, pas de réchaud !"
Les autres réfugiés ont entamé, par milliers, un grand exode. Sur les routes s'étirent des lignes sans fin de femmes avec leurs bébés, d'hommes serrant un maigre baluchon ou poussant des charrettes d'enfants portant des citernes d'eau plus grandes qu'eux. Il y a aussi des vieillards, comme cette vieille dame, le visage émacié, courbée, qui ne peut plus avancer et que son fils tente d'installer sur une bicyclette. Des images de misère de notre temps.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.