"Si je monte un escalier, je suis fatigué" : la lente convalescence des malades du coronavirus
Depuis le début de l'épidémie de coronavirus, plusieurs milliers de malades sont rentrés à leur domicile, souvent très affaiblis.
C’est une difficile guérison qui attend les malades du coronavirus après leur sortie de l’hôpital , avec des séquelles qui peuvent mettre du temps à disparaître. Alfonso Monaco, 60 ans, est professeur de mathématiques dans un grand lycée professionnel à Rombas, près de Metz (Moselle). Il est hospitalisé mi-mars pour insuffisance respiratoire, et diagnostiqué positif au Covid-19. Ses poumons sont atteints à 50 %.
Il est alors placé en réanimation, et sous antibiotiques pendant quatre jours. "J'avais une perfusion à droite, une perfusion à gauche, un cathéter, des trucs un petit peu partout." Malgré tout, "je suis resté très zen, je ne pouvais pas respirer fort car dès que j'inspirais, tout de suite je recommençais à tousser. J'étais concentré sur ma respiration."
Des séquelles causées par la réanimation
Les analyses d'Alfonso Monaco s’améliorent au fil des jours. Il échappe finalement à l’intubation et il finit par sortir de l’hôpital. Mais une semaine après son retour à la maison, il reste fragile. "Cela allait bien jusqu'à avant-hier, mais par exemple hier, j'étais d'une fatigue extrême, complètement épuisé. Si je fais un effort, que je monte et redescends les escaliers, ça y est je suis fatigué."
Pour les malades les plus graves, qui ont été intubés et qui subissent une plus longue réanimation, les séquelles peuvent être plus lourdes. En cause, le syndrome de détresse respiratoire aigu dû au Covid-19. "On n'a plus de séquelles pulmonaires sur ces patients-là, par contre on a des séquelles qui sont d'ordre musculaire, explique le professeur Jean-Michel Constantin, anesthésiste à la Pitié-Salpêtrière, parce qu'on a une fonte musculaire très importante en réanimation."
Ça peut se compter en mois ou en années pour revenir à un état de base.
Pr Jean-Michel Constantin, anesthésiste à la Pitié-Salpêtrièreà franceinfo
"Mais le gros des séquelles, ce sont des séquelles neuro-cognitives, c'est-à-dire qu'on va avoir des troubles de la mémoire, du langage, de la concentration qui peuvent aller dans les formes sévères jusqu'au syndrome post-traumatique. C'est réversible, mais ça peut prendre beaucoup de temps."
De bonnes raisons de rester optimistes
Alfonso, lui, n’en est pas là. Avec Édith sa compagne, il a de quoi savourer la vie retrouvée. "C'est mon anniversaire, j'ai 60 ans, et on devait se marier. Ce n'est pas un problème, la fête sera plus belle, on va la remettre. Quand on revient de loin comme ça ce n'est pas un problème. Moi j'invite tous les gens qui sont malades, tous les gens qui risquent de l'être, à être très, très, très optimistes. Il faut lutter et se battre !"
Dimanche 5 avril, 16 183 malades du Covid-19, étaient rentrés à leur domicile depuis le début de l'épidémie, indique le gouvernement dans son état des lieux de la crise sanitaire du coronavirus.
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