Rachat des congés de Noël des soignants parisiens : "C'est de la propagande", dénoncent les syndicats
Le directeur de l'AP-HP a proposé le 13 décembre de racheter aux soignants parisiens leurs congés de Noël pour diminuer la pression sur les services hospitaliers. Alors que les vacances de fin d'année ont démarré, rares sont ceux qui sont intéressés.
Les soignants ne sont pas forcément prêts à rogner sur leurs vacances de Noël. Le directeur de l'Assistance publique - hôpitaux de Paris (AP-HP), Martin Hirsch, leur a proposé le 13 décembre de racheter leurs jours de congés s'ils acceptaient de les décaler de quelques jours, comme cela a déjà été fait lors des précédents pics de contamination. Peu d'entre eux ont répondu à l'appel, destiné à faire face aux arrivées de la cinquième vague de Covid-19.
Martin Hirsch avait ainsi proposé 2 000 euros pour dix jours de congés reportés. Cela correspond à 200 euros bruts pour chaque jour de congé pour les personnels de catégorie A comme les pédiatres, les directeurs d'établissements ou certaines infirmières. Pour les aide-soignants, il faut plutôt compter sur 130 euros par jour. "C'est de la propagande", dénonce Christophe Prudhomme, porte-parole de l'association des médecins urgentistes de France.
"Il faut bien que les soignants se reposent. Nous sommes au bout du rouleau."
Christophe Prudhomme, porte-parole de l'association des médecins urgentistes de Franceà franceinfo
Cet état de fatigue général ne pousse d'ailleurs pas ses collègues à céder leurs jours de vacances. "C'est complètement marginal, affirme-t-il. Je n'ai pas entendu de collègues qui allaient renoncer aux quelques jours de congés qu'ils pourriaent avoir pendant cette période." Une réticence d'autant plus forte que les congés sont pour la plupart comptés. "Personne n'a posé dix jours sur les plannings pour les fêtes", s'agace Thierry Amouroux, porte-parole du syndicat infirmier SNPI, qui dénonce une annonce éloignée des réalités du terrain. "Nous sommes choqués par la communication qui est faite."
Pour Thierry Amouroux, au-delà de l'aspect communicationnel, c'est surtout la sécurité qui doit inquiéter. En effet, il estime qu'après plus d'un an et demi de mobilisation contre le Covid-19, le manque de récupération menace aussi la qualité générale des soins. "Chaque fois qu'on vous fait travailler davantage sans que vous ayez le temps de récupération nécessaire, cela peut entraîner des erreurs de soin. C'est grave." Les syndicats et organisations dénoncent une mesure pansement, qui ne résoudra pas les problèmes structurels, comme le manque d'effectifs ou les départs en série d'infirmiers et d'aide-soignants ces derniers mois.
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