Port du masque, prime pour les directeurs d'école, poursuite des réformes… Ce qu'il faut retenir du discours de rentrée de Jean-Michel Blanquer
Le ministre de l'Education nationale a détaillé les modalités de la rentrée scolaire 2020, dans le contexte "particulier" de la crise sanitaire liée au coronavirus.
Une traditionnelle conférence de presse de rentrée du ministre de l'Education nationale au ton inhabituel. Alors que la situation épidémique liée au coronavirus se dégrade en France, plus de 12 millions d'élèves retournent à l'école mardi 1er septembre. Si Jean-Michel Blanquer a admis, mercredi 26 août, que cette rentrée s'annonçait "toute particulière du fait de la crise sanitaire", il a ajouté ne pas vouloir "perdre de vue les grands sillons de l'éducation". Voici ce qu'il faut retenir de son discours prononcé depuis le ministère de l'Education nationale.
Le port du masque obligatoire pour les adultes et les élèves dès la sixième, sans exception
C'est le "principe socle" du protocole sanitaire pour la rentrée scolaire 2020 : "Ce que chacun doit comprendre de manière simple et claire, c'est que tous les adultes portent le masque [à l'école]", a annoncé Jean-Michel Blanquer, avant de préciser que cette mesure concernerait aussi les enseignants de maternelle. Le ministère envisageait initialement des exceptions à ce port du masque, mais a préféré les abandonner, pour plus de clarté.
Le protocole prévoit aussi "que les enfants et adolescents portent [le masque] à partir de la classe de sixième". Ces masques ne seront pas distribués gratuitement à tous les élèves, mais le ministre a évoqué la possibilité de mettre à disposition un stock de masques pour les élèves qui auraient des difficultés à s'en procurer. "Donc aucun élève ne se trouvera exclu de l'école ou en situation de ne pas pouvoir entrer parce qu'il ou elle n'aurait pas de masque." Les personnels de l'éducation nationale, eux, seront fournis en masques par le ministère.
Le protocole sanitaire "n'a pas vocation à varier" dans l'année
Si le protocole sanitaire a été élaboré en juillet, avant le rebond épidémique, il "est simple et clair, a ajouté Jean-Michel Blanquer, il n'a pas vocation dans ses grands principes à varier, car il prévoit toutes les situations", comme une circulation plus active du virus. "Le protocole sanitaire est encore valable et le sera tout au long de l'année." Il est d'ailleurs disponible et actualisé sur le site du ministère.
Le ministre de l'Education a néanmoins souligné qu"'il pourra y avoir, en fonction de l'évolution de la situation, des adaptations" qui seront "ciblées" sur un établissement ou un territoire, après décision des recteurs, préfets et autorités régionales de santé. Et "s'il devait y avoir des mesures hybrides" (un enseignement à distance conjugué à un enseignement physique) ou "de confinement, nous nous tenons prêts", a-t-il assuré. Mais pour cette rentrée, "nous n'en sommes pas là".
Il en a aussi profité pour rappeler les grandes caractéristiques du protocole sanitaire. Notamment "celles qu'on a pu connaître en mai-juin en matière de gestes barrières", comme le lavage de mains ou la ventilation des classes. La distanciation physique ne sera plus obligatoire quand elle n'est pas matériellement possible, de même que la limitation du brassage entre classes et groupes d'élèves, simplement "recommandée".
Des fermetures de classes possibles si des cas sont détectés
Si un enfant ou un membre du personnel est symptomatique, des tests seront réalisés afin de "remonter la chaîne de contamination pour prendre des mesures d'isolement". Des "tests aléatoires" pourront aussi être faits, a souligné le ministre. Cela pourra conduire à la fermeture d'une classe, voire d'une école, après décision prise avec les autorités de santé. "Notre objectif est d'être capables de réagir dans les 48 heures à chaque fois que des symptômes sont signalés", a affirmé le ministre.
Le ministère compte sur les "capacités d'adaptation" de chaque territoire. En cas d'activation de la circulation du virus dans une zone géographique donnée, comme actuellement en Ile-de-France ou dans les Bouches-du-Rhône, des mesures plus strictes pourraient être décidées. Jean-Michel Blanquer a par exemple évoqué la possibilité de limiter le brassage des élèves dans ces régions.
S'il faut mettre de nouveau en place un enseignement hybride, mi-présentiel, mi-distanciel, comme après le confinement, "nous y sommes prêts", a aussi assuré le ministre.
Des moyens et des dispositifs supplémentaires pour le retour en classe
"Il y a, à l'occasion de la rentrée, du travail à faire pour s'assurer qu'il n'y a pas eu des retards accumulés ou des inégalités qui se sont accentuées", a indiqué Jean-Michel Blanquer. Le ministère a décidé de créer 1 600 postes pour cette nouvelle rentrée scolaire "dans le premier degré, pour avoir plus de moyens pour le soutien scolaire". Quant au secondaire, "1,5 million d'heures supplémentaires seront mobilisées".
Deux territoires d'expérimentation 100% numérique, dans l'Aisne et le Val-d'Oise, sont lancés pour la rentrée afin d'équiper "l'ensemble des élèves et des professeurs" en matériel électronique.
Une attention particulière sera donnée aux évaluations de début d'année, avec le "développement d'outils pour les professeurs et pour chaque classe" afin de concevoir des "stratégies pédagogiques" selon le niveau des élèves. De plus, 8 000 postes d'accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) seront créés pour la rentrée.
Une indemnité de 450 euros pour les directrices et directeurs d'école
Pour prendre en compte la surcharge de travail due à la crise sanitaire, "les directeurs d'écoles bénéficieront d'une indemnité de 450 euros versée dès la fin de cette année", a annoncé Jean-Michel Blanquer, pour les "aider et les accompagner". Ils bénéficieront également d'une "meilleure autonomie et d'une réduction de leurs charges administratives".
Une poursuite des réformes pour "réduire les inégalités et élever le niveau général"
Pendant son discours, Jean-Michel Blanquer a tenu à rappeler que la crise sanitaire n'avait pas ébranlé la politique éducative qu'il porte depuis trois ans. Il souhaite maintenir le "cap des réformes" avec, comme double objectif, "l'élévation générale du niveau scolaire et la lutte contre les inégalités".
Il a notamment cité le dédoublement des grandes sections de maternelle en REP et REP+, le renforcement de la formation initiale et continue des professeurs de français et de mathématiques, la poursuite de la réforme du baccalauréat et celle de la voie professionnelle avec un CAP en trois ans, ou encore le déploiement (avec un an de retard à cause de la crise sanitaire) du service national universel dans "100% des départements français".
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