"On nous a complètement laissés tomber" : les vies bousculées d'expatriés français en Chine
Avec le blocage des frontières pour cause d'épidémie de coronavirus, la vie devient de plus en plus compliquée pour les expatriés français à travers le monde. Notamment en Chine, où les départs et les arrivées des étrangers sont strictement encadrés.
La crise sanitaire due au coronavirus complique toujours la vie de nombreux expatriés, notamment en Chine. Cela fait 14 ans que Marianne Daquet vit à Pékin avec sa famille. Mais avec l'épidémie, cette Française a perdu tous ses revenus. L'école d'art qu'elle avait créée a dû fermer ses portes.
Marianne souhaite aujourd'hui revenir en France pour mettre à l'abri ses deux filles de 8 et 9 ans. Il y a quelques avions que le gouvernement français a réussi à négocier avec Pékin, mais à des prix inabordables. "Pour une famille comme la mienne, c'est 15 000 euros, donc c'est absolument impossible, sachant que j'ai perdu mon travail et tous mes revenus", estime cette Française. "Le fait d'être privés de notre liberté de nous déplacer, ne serait-ce que de rentrer dans notre pays, c'est très dur. On se sent seuls, perdus, on nous a complètement laissés tomber. L'autre jour, j'en parlais à quelqu'un, je me suis rendue compte à quel point j'avais été affectée, je n'étais pas bien du tout, au bord des larmes. Ça reste une crise extrêmement dévastatrice."
Déménagement et moral au plus bas
Lionel Sancho, lui, est à la tête d'une entreprise près de Pékin. A cause du confinement, ce Français vit seul, sa femme était partie en France en mars et elle n'a jamais pu revenir. Depuis cinq mois, le couple communique uniquement par les réseaux sociaux et cela commence à être très long. "Nous avons fêté nos 30 ans de mariage cette année", raconte-t-il. "Il était prévu qu'on fasse un voyage aux îles Fidji. Au lieu de ça, mon épouse était en France, moi à Pékin et on a célébré nos années de mariage par du tchat."
30 ans de vie commune célébrés par un petit écran de smartphone, ça laisse un goût très amer.
Lionel Sancho, expatrié français en Chineà franceinfo
Lionel espère trouver un billet d'avion pour sa femme, peut-être en septembre. Marianne Daquet, elle, a dû déménager pour prendre un appartement moins cher et le moral est au plus bas. "On s'est réorganisés, je fais des petits boulots et on s'est dit qu'on restait un an de plus le temps d'une année scolaire, en espérant que l'école rouvre pour pouvoir se préparer à partir dans de meilleures conditions."
Aucune aide n'est prévue par la France pour ce genre de situation. Seules les personnes en état de très grande précarité sont rapatriées aux frais du gouvernement.
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