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"On ne va pas s’arrêter de vivre !" : à Mulhouse, le renforcement des mesures contre l'épidémie de coronavirus n'empêche pas les habitants de sortir

Depuis vendredi, une grande partie de l'activité du Grand-Est, notamment dans le Haut-Rhin, est ralentie pour cause de propagation d'un coronavirus passé au stade épidémique dans le sud de l'Alsace. Franceinfo s'est rendu à Mulhouse où pour le moment les habitants restent relativement sereins.

Article rédigé par Jérôme Jadot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Sur le marché à Mulhouse, samedi 7 mars 2020. (JÉRÔME JADOT / RADIO FRANCE)

Une centaine d'établissements scolaires fermés pour 15 jours, des spectacles et des rassemblement annulés... Dans le Haut-Rhin, où le nombre de cas de contamination au coronavirus a été multiplié par huit en 48 heures, avec 81 cas confirmés dans la seule journée de vendredi 6 mars, les mesures de prévention ont été renforcées.

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Mais même si un concert, des pièces de théâtre et un match de hockey ont été annulés dès le soir même, dans le centre-ville de Mulhouse, les habitants sont quand même sortis. Car si les rassemblements de plus de 50 personnes en milieu clos sont interdits, les commerces ne sont pas visés par les restrictions. Dans ce restaurant espagnol, mis à part le gel hydro-alcoolique sur le comptoir et deux annulations, c’est comme d’habitude. "On ne va pas s’arrêter de vivre à cause du coronavirus !" s’exclame Thomas, qui fait partie de la soixantaine d’attablés. 

Dimanche un carnaval est annulé, c'est dommage. Après, je comprends, parce qu'il peut y avoir des personnes un peu plus sensibles.

Thomas, un Mulhousien

à franceinfo

Samedi matin, le marché de Mulhouse, l'un des plus grand de l'Est de la France a eu lieu, presque comme d'habitude. Un vaste marché couvert et extérieur, qui s'étend sur plusieurs centaines de mètres. Entre les maraîchers, bouchers, fromagers, on déambule et on se presse comme sur n'importe quel marché. Quelques rares clients portent quand même des protections sur le visage, c'est le cas de Luca, avec son cache-cou remonté haut sur la bouche et le nez. "C'est plus psychologique qu'autre chose, concède le jeune homme, mais après au moins si quelqu'un postillonne ou un truc comme ça, ça m'atteint pas." 

A Mulhouse, où le coronavirus circule désormais activement, cet homme a préféré venir faire son marché avec une protection sur le visage samedi 7 mars. (JERÖME JADOT / RADIO FRANCE)

Pour beaucoup de clients, on est tous venus comme à l'accoutumée. Rien de plus normal, estime Mathilde, 29 ans : "Je suis contente que le marché soit maintenu parce que je trouverais ça scandaleux qu'il soit fermé et que les gens du coup aillent tous dans les supermarchés, donc je suis vraiment contente qu'on soit là aujourd'hui", explique-t-elle. Mathilde qui n'a pas l'intention d'ailleurs de changer ses habitudes, à une chose près : 

J'étais au sport ce matin, je suis au marché maintenant, je vais sortir ce soir dans un bar. La seule chose que je vais changer c'est que je n'irai pas voir les personnes âgées de ma famille.

Mathilde, qui vit à Mulhouse

à franceinfo

Autre changement de programme pour le compagnon de Mathilde cette fois : pas de Strasbourg-PSG au stade de la Meinau samedi après-midi, le match a été reporté.

La fermeture des écoles ne fait pas consensus

Dans l’ensemble, les mesures sont donc plutôt comprises. Megan, professeur des écoles, approuve la fermeture pour deux semaines de tous les établissements scolaires. "Ce serait dommage de prendre des risques inutiles", dit-elle. "Cela arrive qu’on nous amène des enfants avec 40 C° de fièvre à l’école, sans qu’on sache s’ils viennent des zones à risques… J’avais peur que les parents ne soient pas toujours honnêtes", poursuit l'enseignante, finalement soulagée par le renforcement des mesures pour freiner la propagation du virus. 

Un panneau d'information sur le coronavirus dans la ville de Mulhouse, dans le Haut-Rhin.  (JÉRÔME JADOT / RADIO FRANCE)

Mais pour certains parents qui vont devoir trouver des solutions de garde pour les 15 prochains jours, souvent les grands-parents, pourtant plus vulnérables au coronavirus, la fermeture des écoles n'est pas forcément bien vécue. A l'image de Valérie, barmaid et mère de deux enfants, pour qui tout cela n’est pas très cohérent : "S’il faut fermer, alors il faut tout fermer ! Tout mettre en quarantaine : le bureau de tabac, la pharmacie, tout le monde reste chez soi ! C’est impossible… Et pourtant les écoles sont fermées et on se retrouve embêtés avec la garde des enfants", souligne-t-elle.

Les hôpitaux sous tension 

Pour tenter de limiter la propagation du virus, les mineurs sont également interdits de visite dans les maisons de retraite ou les hôpitaux. Des hôpitaux où l'on tente aussi de réduire au maximum le risque de contamination. Aux urgences de l’hôpital de Mulhouse, les patients suspectés de coronavirus sont ainsi pris en charge via une entrée spéciale. À l’intérieur, le port du masque est obligatoire.

Une personne revêt sa blouse de protection aux urgences de Mulhouse, dans la partie qui accueille les cas probables de coronavirus. (JÉRÔME JADOT / RADIO FRANCE)

Face à l’afflux, le Dr Jacques Schmitt a dû aménager trois nouvelles chambres séparées. "Normalement, ici, ce sont des bureaux, indique le médecin. Il faut savoir que ça a été monté en même temps qu'on accueillait les malades, presque comme en situation de guerre."

En une heure, l'unité de 15 lits  a été remplie. Une autre de 20 lits a ouvert et il ne reste plus qu'un lit de libre.

Dr Jacques Schmitt , médecin urgentiste

à franceinfo

Le Dr Schmitt, qui ne se dit pas inquiet mais fatigué - pas plus de quinze heures de sommeil en cinq jours -  se demande comment le service, déjà en tension, tiendra le rythme dans la durée.

Coronavirus : le reportage Jérôme Jadot à Mulhouse

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