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"On a fait face" : dans l'ombre, femmes de ménage et caissières ont continué à travailler, malgré la peur du Covid, les petits salaires et le peu de reconnaissance

Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une caissière à son poste pendant l'épidémie de coronavirus Covid-19. (INA FASSBENDER / AFP)

À l'occasion de la journée internationale de défense des droits des femmes, franceinfo dresse le portrait d'héroïnes du quotidien qui ont tenu le cap malgré l'épidémie de Covid-19.

À 58 ans, Karima* (les prénoms ont été modifiés) parcourt la Seine-Saint-Denis et une partie de Paris. Elle partage son temps entre l'aide à domicile et les heures de ménage chez des particuliers. "Le service à la personne, ce n'est pas du tout facile comme le pensent pas mal de gens, explique-t-elle. Je suis désolée pour le monde, mais c'est toujours un travail d'esclavage. C'est très, très difficile, le ménage." Et pas reconnu. Lors du premier confinement, imposé à cause de l'épidémie de coronavirus Covid-19, Karima n'a pas touché d'aides et elle a dû reprendre le travail.

"C'est beaucoup mieux de travailler : rester entre quatre murs, ça tue !"

Karima

à franceinfo

Elle qui circule dans les transports, va chez des particuliers, dit ne pas avoir peur. Du moins pas pour elle. "J'ai peur pour les autres, indique-t-elle. J'ai refusé un couple parce qu'ils ont quand même 83 ans et ils sont plus vulnérables que moi. Alors, j'ai arrêté."

Pas facile de renoncer alors qu'elle touche 900 à 1 200 euros par mois pour un loyer de 600 euros dans son appartement d'Aubervilliers. Et le Covid-19 a révélé le rôle de chacun et chacune. "On contribue à soulager toute cette pression dans cette période", insiste Farouzia*, qui veut garder son sourire et son sens de l'accueil à la caisse du supermarché parisien où elle travaille.

"Et pourtant ça fait peur. On ne sait pas quand on va choper la maladie et on vient tous les jours avec la peur au ventre."

Farouzia

à franceinfo

Les premières semaines de l'épidémie, elle et ses collègues doivent travailler sans masque, faute d'en trouver. "En caisse, généralement, c'est pratiquement toutes des femmes, qui sont restées, qui ont travaillé courageusement. Jusqu'à ce qu'elles tombent malade l'une après l'autre." Farouzia elle-même tombe malade fin mars. Depuis, les protections et les masques sont arrivés. Mais aujourd'hui encore, cette maman limite les petits câlins à ses deux enfants en rentrant chez elle. Depuis un an, elle gère. Comme les autres, dit-elle : "Je trouve que les femmes, elles, sont toujours fortes. Je ne dis pas que les hommes ne sont pas forts, hein ! Mais on a fait face, et même s'il y a des problèmes en face, il faut y aller."

Alors que le monde célèbre la journée internationale des droits de femmes, Karima, comme Farouzia, aimerait voir la reconnaissance et les mercis se concrétiser. Karima veut demander une augmentation au gérant de l'entreprise qui l'emploie. Farouzia s'indigne contre sa direction qui a modulé la prime Covid-19 en fonction des heures de présence, y compris pour celles qui sont tombées malades et qui ont touché moins.

Caissières et femmes de ménages, ces héroïnes invisibles - le reportage de Grégoire Lecalot

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