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"Les années à venir du sport féminin ne vont pas être sympathiques" : les sportives redoutent de subir les premières les conséquences du coronavirus

Avec son lot d’annulations de compétitions, de baisse des salaires ou de partenaires qui rompent leurs contrats publicitaires, clubs féminins et sportives craignent d’être les premiers à payer les pots cassés.

Article rédigé par franceinfo - Guillaume Battin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La cycliste française Edwige Pitel de l'équipe Michela Fanini, Audrey Cordon Ragot de l'équipe Wiggle Highs et Pauline Ferrand Prevot de l'équipe Raboliv Womencycling participent aux championnats de France de cyclisme 2016 le 25 juin 2016 à Vesoul, dans l'est de la France. (SEBASTIEN BOZON / AFP)

Les conséquences de la crise du coronavirus Covid-19 seront très lourdes, y compris pour le monde du sport. Annulations de compétitions, baisse des salaires, partenaires qui rompent leurs contrats publicitaires. Et ce sont les clubs féminins et les sportives qui craignent d’être les premières à payer les pots cassés.

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"Nous avons décidé de plusieurs mesures relatives au calendrier : le Tour de France cycliste se tiendra du 29 août au 20 septembre prochain", déclarait la semaine dernière David Lappartient, le président de l’Union cycliste internationale, sans un mot sur le calendrier féminin. Alors le syndicat des coureuses professionnelles envoie une lettre ouverte, signée par la Française Audrey Cordon-Ragot, championne de France du contre-la-montre. "Notre grogne a fait écho, explique la sportive. Et je pense qu’en 2020 il est temps de s’exprimer et de ne plus nous cacher derrière nos homologues masculins, de tout simplement donner notre avis."

Nous avons des solutions, qui sont peut-être plus efficaces que celles qui ne sont prises que par des hommes. Peut-être que cette crise ouvrira les yeux à pas mal de sports et qu’on en sortira que meilleurs. C’est vraiment ce que j’espère. 

Audrey Cordon-Ragot

à franceinfo

Dans le football, l’Euro féminin prévu l’an prochain a été repoussé à 2022 pour laisser toute la place aux hommes. Pas une ligne ou presque sur la ligue des champions féminine ou le championnat de division 1 dans la presse spécialisée. Le sport masculin est clairement privilégié. Logique selon Me Thierry Granturco, avocat au barreau de Paris et spécialiste du droit du sport, qui suit de très près les nouveaux choix stratégiques de certains clubs. "La concentration des investissements privés va faire en sorte que les annonceurs, sponsors, etc, vont se serrer la ceinture et aller au plus efficace, prédit-il. Et aujourd’hui, le plus efficace, c’est le sport masculin. Les années à venir du sport féminin ne vont pas être sympathiques."

"J’ai très peur pour le sport pratiqué par les femmes"

Le mondial de football 2019 en France a permis de faire un pas en avant et le coronavirus deux pas en arrière, selon Béatrice Barbusse, ancienne handballeuse professionnelle et aujourd’hui sociologue. "On a créé le monde d’avant sans les femmes : on a laissé de côté la moitié de l’humanité. Et si on changeait ? Si on mettait l’autre moitié de l’humanité à nos côtés ? J’ai très peur pour le sport pratiqué par les femmes…" Le tableau n’est pas complètement noir. Quelques signes redonnent espoir, comme l’idée lancée par Roger Federer de fusionner les fédérations masculines et féminines de tennis.

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