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Le rendez-vous de la médiatrice. Le travail d'une journaliste spécialisée santé pendant cette crise sanitaire

Solenne Le Hen, journaliste spécialisée dans les questions de santé, a suivi la crise sanitaire du Covid-19 pour franceinfo, depuis janvier 2020. Elle répond aux interrogations des auditeurs et des internautes au micro d'Emmanuelle Daviet, médiatrice des antennes de Radio France.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
La docteure Saccon examine Madeleine Cape, une patiente de l'hôpital de Valenciennes (Nord). (SOLENNE LE HEN / RADIO FRANCE)

Comment Solenne Le Hen, journaliste, spécialiste santé, a-t-elle rendu compte de cette crise sanitaire sur l'antenne de franceinfo depuis quatre mois ? Elle répond aux question des auditeurs, au micro d’Emmanuelle Daviet, médiatrice des antennes de Radio France

Emmanuelle Daviet : En tant que spécialiste santé, vous êtes sur le devant de la scène médiatique de manière très intense depuis le mois de janvier. Vous allez dans les hôpitaux. Comment on traverse cette période en tant que journaliste ? 

Solenne Le Hen : "Effectivement, c’est très intense, cela a commencé dès janvier, franceinfo en a parlé avec les Français rapatriés de Chine, et les premiers cas de coronavirus en France.  

Vous avez consacré toute une série de reportages à l’AP-HP, Assistance Publique, Hôpitaux de Paris, et des auditeurs y voient la marque d’un certain parisianisme. Que leur répondez-vous ?  

"Il faut d’abord rappeler le contexte : il y a quelques semaines, l’Assistance Publique, Hôpitaux de Paris, qui avait fermé ses hôpitaux aux journalistes au moment du confinement, nous a proposé à franceinfo, un partenariat pour qu’on puisse être les seuls à y faire des reportages. Vous pensez bien qu’on a saisi l’occasion. L’AP-HP, c’est quand même le plus grand centre hospitalier d’Europe, d’où cette série de reportages, de podcasts aussi, mais je dois préciser qu’on a réalisé beaucoup d’autres reportages dans des hôpitaux en région, par seulement en Île de France, dans l’Oise et dans des hôpitaux du Grand Est.

Je m’y consacre exclusivement depuis quatre mois. Alors il a fallu s’adapter, adapter la façon dont on travaille, je pense par exemple aux reportages dans les hôpitaux, désormais, c’est masque obligatoire. Pour les interviews, mon micro est accroché au bout d’une perche, pour pouvoir conserver une distance avec les personnes qu’on interviewe. C’est une atmosphère vraiment particulière. Je fais des interviews avec des personnes dont je vois simplement les yeux, le haut du visage.

C’est intense, c’est perturbant et en même temps, c’est passionnant, au sens journalistique. Il y a quatre mois c’était une maladie inconnue, personne n’imaginait qu’on allait vivre une épidémie, deux mois de confinement. C’est passionnant à vivre au jour le jour.  

Les auditeurs estiment que beaucoup de certitudes du personnel médical ont été relayées par les journalistes, notamment au sujet des masques. Vous partagez leur point de vue ?  

"Ce qui m’a marquée, c’est qu’avant l’arrivée du virus en Europe, les médecins, le gouvernement français, étaient plein de certitudes sur ce virus. Ils s’appuyaient sur ce que leur disaient les médecins en Chine. Nous les médias, on relayait, je me souviens de médecins qui disaient sur notre antenne qu’on serait tous immunisés si on l’avait déjà eu, que seules les personnes âgées pouvaient développer des formes graves. Depuis, tout cela a été relativisé.

Sur la question des masques, c’est la même chose. La direction générale de la santé disait, au début, que le port du masque n'était utile que sur les personnels soignants. Des études scientifiques disaient la même chose. Oui nous, journalistes santé, on s’en est fait le relais.

Emmanuelle Daviet : Est-ce que cette période de crise sanitaire a suscité pour vous des interrogations sur la pratique journalistique ?  

Solenne Le Hen : "Oui bien sûr. Sur les masques, on a eu une discussion entre journalistes santé de différents médias, et cela nous questionne. Nous journalistes santé, je précise, on n’est pas médecin, je ne suis pas épidémiologiste, ni virologue, mon rôle est de relayer la parole des scientifiques, les actions du gouvernement, ce que disent les détracteurs, qu’on a aussi entendus sur notre antenne. Moi, je n’ai pas d’avis à émettre sur la politique du gouvernement. Mon rôle, c’est d’être le témoin de tout cela, de donner un maximum d’informations, des informations pertinentes, j’espère, en un minimum de temps, pour qu’ensuite l’auditeur se forge son propre avis sur la question.

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