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Le billet sciences. Qui sont les anti-vaccins ou plutôt les "hésitants-vaccins" ?

Alors que la France cherche à avoir accès à un vaccin contre le Covid-19 le plus vite possible, avec la visite aujourd'hui d'Emmanuel Macron chez Sanofi, une étude du CNRS relève qu'entre 20 et 25% de la population interrogée n'a pas l'intention de se faire vacciner.

Article rédigé par franceinfo, Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Selon une étude du CNRS, près d’un Français sur quatre ne se ferait pas vacciner contre le Covid-19. (Image d'illustration) (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Le Covid-19 a fait 430 000 morts dans le monde. La Chine s'inquiète du retour des contaminations alors que les laboratoires cherchent à mettre au point un vaccin le plus vite possible pour faire face à une éventuelle deuxième vague. Pourtant, près d’un Français sur 4 ne se ferait pas vacciner selon une étude du CNRS, débattue dans un article du Lancet Infectious Diseases"C'est quand même surprenant que face à une maladie avec autant de cas graves voire mortels, l'opposition demeure forte", explique le sociologue et auteur de cet article Jeremy Ward. Il travaille depuis dix ans sur les réticences des Français à se faire vacciner et trouve en général cette proportion de 20 à 25% mais plutôt pour des maladies que les Français estiment bénignes, comme la varicelle. 

Le principal motif de cette réticence est l’idée que ce vaccin sera réalisé trop vite et risque par conséquent d’être peu sûr.

Jeremy Ward, sociologue au CNRS

Des inquiétudes sur le délai de fabrication 

Mais les travaux du sociologue ne s'arrêtent pas à savoir combien sont pour ou contre. Dans une enquête hebdomadaire faite sur un échantillon représentatif de 1 000 à 2 000 personnes, il observe que les plus radicaux des anti-vaccins, ceux qui par principe sont opposés au fait de se faire inoculer un virus pour activer leur système immunitaire, ne sont qu’une minorité. La majorité, 70% de ceux qui disent non, s’inquiète plutôt de la sécurité d’un vaccin produit dans un délai aussi rapide, comme avec H1N1.  Mais ils peuvent très bien être vaccinés par ailleurs contre d’autres maladies. Ces doutes peuvent aussi être alimentés par leur médecin généraliste. Une étude de chercheurs à Marseille avaient montré que 14% des médecins généralistes avaient eux-mêmes des doutes sur l'intérêt des vaccins.

D'ailleurs, les chercheurs du CNRS voient des situations très décorrélées. Des personnes qui ont beaucoup de doutes sur les vaccins mais qui sont vaccinées quand même, par fatalisme ou par conscience qu'une prise de risque individuelle est nécessaire pour atteindre une immunité collective. Et il y a des personnes qui ne se posent absolument pas de questions sur l'efficacité des vaccins mais qui pour autant ne sont pas vaccinées. Pour le chercheur, la baisse de couverture vaccinale peut aussi avoir d'autres causes : mauvais suivi médical, situation précaire...

Des études controversées à l'appui

Pourtant, il suffit de faire un tour sur les sites des anti-vaccins pour voir les références à des études ou des travaux scientifiques. Les Anglo-saxons font beaucoup références à une étude publiée dans The Lancet en 1998 et qui faisait un lien entre le ROR (le vaccin contre rougeole, oreillons rubéole) et l’autisme. Une étude retirée depuis par la revue scientifique après avoir constaté des fraudes.

En France, les opposants sont plus animés par le débat entre le vaccin contre l’hépatite B et la sclérose en plaque, sur la base de signalements et même si de nombreuses études publiées ne démontrent pas de lien. En revanche, ils soutiennent beaucoup les travaux du professeur Romain Gherardi, neurologue renommé de l’hôpital Henri Mondor. Il s'agit de travaux publiés autour des risques des adjuvants à l’aluminium des vaccins, même s'ils ne concernent qu'un petit nombre de patients et que d'autres experts contredisent.

Mais ce qui est intéressant dans l’étude du CNRS sur les anti-vaccins, ou plutôt les "hésitants-vaccins", c’est qu’ils ne sont pas tous anti-science. Ils s'intéressent beaucoup à ces débats techniques. En revanche, ils ont un point commun : une forte défiance envers les autorités sanitaires et appartiennent plutôt aux mouvements politique des extrêmes, droite et gauche confondues.

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