"La charge mentale est encore plus grande" : avec le Covid-19, les femmes ont moins de temps pour faire du sport
À cause du confinement et du couvre-feu, 67% des femmes assurent avoir plus de mal à exercer une activité physique, selon le baromètre la Fédération Française d’Éducation Physique et de Gymnastique Volontaire.
En arrivant au sommet de cette rue pentue, Léa, jeune femme pourtant athlétique, est bien essoufflée. Il faut dire qu'à cause de l'épidémie de Covid-19, cela fait presque un an que cette nageuse régulière ne pratique plus : "Avant le confinement, je nageais à peu près deux, trois fois par semaine et maintenant je ne fais plus rien du tout parce que les piscines sont fermées".
Léa est loin d'être un cas isolé. Les restrictions sanitaires ont éloigné les femmes du sport, indique le dernier baromètre Sport Santé de la Fédération Française d’Éducation Physique et de Gymnastique Volontaire (FFEPGV), en collaboration avec IPSOS. En 2020, les Françaises ont pratiqué en effet 2h30 de sport par semaine, soit 30 minutes de moins qu'en 2019, et 48 minutes de moins que les hommes. 67% d’entre elles assurent avoir plus de mal à exercer une activité physique.
Les courses ou le sport
Djouzi, 53 ans, était, elle, abonnée à la salle de sport où elle se rendait trois à quatre fois par semaine. Elle faisait "un peu de tout, des cours de groupe et aussi un peu de cardio toute seule, de la musculation que je regrette beaucoup." Comme les piscines, les salles de sport sont fermées au public et ne sont accessibles qu'aux personnes disposant d'un certificat.
"J'ai essayé de me motiver et de faire des choses toute seule mais ce n'est pas du tout pareil et je n'ai pas réussi".
Djouzi, 53 ans, ancienne habituée des salles de sportà franceinfo
Pourquoi les hommes arrivent-ils mieux à garder une activité physique régulière ? Malgré le confinement, malgré le couvre-feu, le temps accordé au sport recule moins chez eux que chez les femmes. "Il faut être chez soi à 18 heures et les femmes en majorité, même si l'écart se resserre, doivent penser aux courses, anticiper, explique Émilie Martineau, cadre technique national à la Fédération Française d’Éducation Physique et de Gymnastique Volontaire, à l’origine donc de ce baromètre. "Elles ne peuvent plus faire de sport le soir, peut-être que bientôt elles ne pourront plus en faire le week-end. La charge mentale est encore plus grande donc l'écart se creuse davantage".
"On se sent rouillée"
Avec cette difficulté accrue à trouver du temps pour se dépenser et prendre soin de leur corps, 60% des femmes disent ressentir un impact sur leur bien être physique : "On dit souvent qu'on se sent rouillée, c'est-à-dire que tout ce qui va être gestes d'amplitude, aller chercher des choses en hauteur, et bien, les mouvements sont moins facilités et parfois douloureux parce que l'amplitude articulaire, on la perd un peu", explique Émilie Martineau.
"Monter les escaliers avec les courses, avec le temps, ça devient moins facile donc on le sent aussi bien au niveau cardio que musculaire, en terme de force voire même de souplesse."
Émilie Martineau, cadre techniqueà franceinfo
Avec des conséquences évidemment sur le moral mais aussi sur les relations sociales. "Quand on interroge nos pratiquantes, qu'on leur demande le bilan des cours faits avec nous à l'EPGV, l'un des premiers arguments qui sort, c'est le fait de venir retrouver les autres, indique Émilie Martineau. L'aspect social, le lien social, c'est quelque chose qui semble important pour elles." Pour plus de la moitié des femmes interrogées par la Fédération Française d’Éducation Physique et de Gymnastique Volontaire, la reprise des activités physiques fait partie des priorités, une fois la crise sanitaire passée.
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