Ce n'était pas arrivé depuis 25 ans en Espagne. Les médecins espagnols sont en grève, fatigués par deux vagues de coronavirus, mais aussi par la façon dont les traitent les autorités du pays, sans demander d'augmentation. Un décret qui permet tout ou presqueÀ Madrid, ils étaient quelques dizaines à s'être réunis en face du Parlement pour se faire entendre. Ils n'étaient pas très nombreux. Et pour cause, les autorités ont limité le nombre des manifestants, Covid-19 oblige, et établi un service minimum : 80% à 100% du personnel doit rester à son poste. De plus, les médecins espagnols n'ont plus l'habitude de faire grève. "Ce qui a déclenché cette grève inédite depuis 25 ans, explique Juan Fidalgo, anesthésiste à l’hôpital clinique San Carlos, c'est le décret qui établit que l'on peut destiner un médecin à n'importe quel poste, indépendamment de ses capacités."Le décret permet, par exemple, d’envoyer un ophtalmologue ou un gynécologue dans les unités dites "Covid", mais aussi d’embaucher exceptionnellement des praticiens non européens, sans que leurs formations ne soient homologuées.Les médecins sont attirés par l'étrangerLe manque de médecins est criant, s’excusent les autorités. Oui, répondent les professionnels, mais parce que l’Espagne ne sait pas retenir ceux qui préfèrent partir à l’étranger. Patricia est médecin à l’hôpital Severo Ochoa, à Madrid : "Tous ceux qui partent le font car ils ont des conditions bien plus attractives dans le reste de l'Europe, estime-t-elle. Des conditions économiques bien-sûr. Mais nous, nous demandons surtout des conditions de travail qui permettent de faire notre travail avec une certaine qualité."Il y a dans ce pays une précarité telle, qu'elle va finir par avoir des répercussions sur les patients. Patricia, médecin à l'hôpital Severo Ochoa de MadridÀ Madrid, la région a entamé des discussions, mais uniquement avec les médecins de famille et les internes.