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Face au Covid-19, les annulations se multiplient dans le spectacle vivant : "Les décisions gouvernementales ont achevé de décider pour nous"

Annulations et reports de concerts et de pièces de théâtre se succèdent en ce début d'année 2022. Les professionnels préfèrent parfois annuler préventivement plutôt que de gérer l'incertitude. Ou de maintenir à perte des séances avec une jauge réduite à 2 000 personnes en intérieur.

Article rédigé par Anne Chépeau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le théâtre de la Sinne, à Mulhouse, en octobre 2020. (SEBASTIEN BOZON / AFP)

Le secteur culturel et particulièrement le spectacle vivant est une nouvelle fois particulièrement touchée par la crise sanitaire du Covid-19 : une réunion est d'ailleurs prévue jeudi 6 janvier dans la matinée à Bercy avec les professionnels. En effet, annulations et reports de représentations de concerts ou de pièces de théâtre se succèdent et certains préfèrent carrément jeter l’éponge de façon préventive. Ainsi, à deux semaines des représentations, le théâtre du Châtelet à Paris a ainsi décidé d’annuler Le Messie, l’opéra de Haendel qui devait être joué six fois du 19 au 29 janvier. Trop de risques, selon son directeur, Thomas Lauriot dit Prévost, qui préfère anticiper : "C'est une production qui mobilise un très, très grand nombre d'artistes, explique-t-il. On a sur le plateau pratiquement 200 intervenants, entre les artistes et les techniciens. On est dans une promiscuité d'équipes très forte..."

"Il nous a semblé que nous devions assurer la sécurité de toutes les équipes. C'est cette raison-là qui nous a amenés à annuler les représentations."

Thomas Lauriot dit Prévost

à franceinfo

Pour d’autres salles, ce sont des raisons économiques qui poussent à annuler. Car en raison du retour des jauges, avec 2 000 personnes au maximum en intérieur, l’équation ne tient pas pour certaines salles.

Certains spectacles ne sont plus rentables

A Boulogne-Billancourt, la Seine Musicale a ainsi décidé de reporter à septembre prochain le Roméo et Juliette du chorégraphe Benjamin Millepied qui devait être joué en janvier. Il s’agit du quatrième report pour ce spectacle. "On avait déjà pas mal d'inquiétudes avant les fêtes de fin d'année, mais là, les décisions gouvernementales ont achevé de décider les choses pour nous, soupire Olivier Haber, le directeur de la Seine Musicale. Il est aujourd'hui absolument impossible de maintenir un spectacle dans une jauge à moins de 2 000 personnes."

"Pour équilibrer un spectacle comme celui là, il faut atteindre au moins 70% de remplissage, c'est à dire qu'il faut qu'on soit au moins entre 3 000 et 3 500 personnes en moyenne par spectacle."

Olivier Haber, directeur de la Seine Musicale

à franceinfo

Ces annulations et reports ont évidemment un coût pour les salles. Entre perte de billetterie (car il faut rembourser les spectateurs), contrats à honorer (le Châtelet par exemple va devoir payer les artistes qui ne joueront pas) et frais déjà engagés, la facture peut être lourde.

"Nous avons des frais irrécupérables, c'est à dire les frais marketing et les frais techniques déjà engagés, souligne Olivier Haber en revenant sur l'annulation dRoméo et Juliette. La décision a été prise à la toute fin du mois de décembre et la première représentation devait avoir lieu le 13 janvier. C'est une compagnie qui vit à Los Angeles, donc les billets d'avion avaient été pris pour le 4 janvier. Tout cela est perdu, bien entendu." Rappelons que les assurances ne couvrent pas les pertes dues au Covid, ce qui amène certains directeurs de théâtre à s’interroger sur l’avenir des grosses productions tant que le virus continuera de circuler.

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