Epuisement, arrêts maladie, postes vacants... Avec le Covid-19, le travail des DRH à l’hôpital se complique
Plusieurs directeurs de ressources humaines témoignent aujourd’hui de leur quotidien et de la façon dont ils font tenir l’hôpital pendant cette épidémie de Covid-19.
Depuis plusieurs mois, avec l’épidémie de Covid-19, avec la crise des vocations et le manque d’attractivité des métiers paramédicaux, assurer la gestion des ressources humaines dans les hôpitaux est une gageure dans les petites structures comme dans les grands CHU.
La perte de sens, l’épuisement, les salaires jugés trop bas, toutes ces raisons exprimées par les personnels soignants qui disent vouloir quitter l’hôpital, Romain Canalis en est le témoin. "On a des demandes de départ à la retraite qui se hâtent, indique le DRH de l'hôpital de Villeneuve-Saint-Georges dans le Val-de-Marne. Un professionnel qui, je pense, il y a quelques années aurait prolongé son activité d’un ou deux ans, là se dit : 'En 2021, j’ai l’âge d’arrêter, je vais le faire.'"
Des embauches difficiles
Même constat dans d’autres hôpitaux du département, rapporte Romain Canalis : "Un collègue de Créteil me disait qu’il avait un nombre important de demandes de disponibilité avec la moitié qui concernait des professionnels qui ne savaient même pas ce qu’ils allaient faire par la suite. C’était vraiment des demandes de disponibilité pour couper leur activité hospitalière."
Tous ne franchissent pas cette étape, si bien qu’il n’y a pas de fuite massive de l’hôpital public, selon une enquête à paraître de la Fédération hospitalière de France, mais il y a un turn-over naturel. Malgré tout, embaucher reste difficile, surtout sur les postes d’infirmiers.
J’ai une dizaine de postes vacants, et c’est très localisé sur la nuit dans mon établissement.
Romain Canalis, DRH de l'hôpital de Villeneuve-Saint-Georgesà franceinfo
Pour le moment, les hausses de salaire récentes obtenues à l’issue du Ségur de la santé ne semblent pas avoir inversé ce phénomène de manque d’attractivité de l’hôpital public.
Un absentéisme en hausse
Samuel Rouget fait face quant à lui à un problème supplémentaire. Il est DRH à l’hôpital de Tours, qui emploie 10 000 salariés. Des salariés qui pour certains tombent aussi malades du Covid. "Le sujet principal est celui de l’absentéisme, explique-t-il. Par exemple, on est à 9% d’absentéisme mais en temps normal on est autour de 8,5, et dans un CHU de notre taille ça représente 40 postes. Ça fait vite des trous dans nos équipes, au moment même où nous avons des besoins qui sont croissants."
En réanimation, des personnels ont été formés récemment au CHU de Tours, pour épauler leurs collègues. Comme à Villeneuve-Saint Georges, les DRH ont aussi fait appel à des renforts, des étudiants en santé plutôt que des retraités, classés personnes à risque. Romain Canalis tente également de pallier la pénurie en créant des postes non qualifiés, non soignants : "On essaye aussi de trouver des bras pour décharger au maximum le personnel soignant de toutes leurs petites activités annexes, comme de la logistique qu’ils peuvent faire d’habitude. C’est-à-dire vraiment leur permettre de se concentrer au maximum sur leur plus-value, sur le soin." Il a fait appel pour cela, entre autres, à des jeunes volontaires du service civique, des volontaires qui assurent également l’accueil du public.
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