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En Equateur, un fonds d’urgence pour aider les indigènes de l’Amazone à faire face à la pandémie de Covid-19

L’arrivée d’aide humanitaire est d’autant plus urgente qu’il n’y a pas de médecins ni de matériel de prévention dans les communautés siecopai, particulièrement menacée par l’épidémie de coronavirus Covid-19.

Article rédigé par franceinfo, Eric Samson
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Au centre, Justino Piaguaje, à Lagartococha, en Equateur, le 16 avril 2020. (- / AMAZON FRONTLINE)

Mercredi 6 mai, les leaders des ethnies indigènes du bassin amazonien et des organisations civiles, des ONG comme Amazon Watch ont annoncé le lancement d’un fonds d’urgence pour aider les indigènes de l’Amazone à faire face à la pandémie de coronavirus Covid-19. Parmi ces ethnies, celle des Siecopai, autrefois appelée Secoyas, est particulièrement fragile. Le problème est qu’ils sont très peu nombreux : côté équatorien, il y a très exactement 158 familles, soit 744 personnes, et environ 900 côté péruvien. Soit un peu plus de 1 600 personnes. On imagine ainsi les ravages que pourrait provoquer dans une communauté si petite un virus comme le Covid-19, d’autant que les systèmes de santé sont au mieux rudimentaires en Amazonie.

"Nous n’avons jamais reçu une attention de santé adéquate"

"La nation siecopai vit des moments difficiles, indique le président de la nation siecopai, Justino Piaguaje. Début mars, tout a commencé comme une simple grippe dans l’une de nos six communautés. Bien que les patients aient présenté des symptômes compatibles avec le Covid-19, nous n’avons jamais reçu une attention de santé adéquate." "C’est quand nous avons lancé l’alerte à la mi-mars que l’État a commencé à se préoccuper de notre situation sanitaire et à se rendre dans nos communautés, déplore-t-il. La nationalité siecopai ne peut pas être exclue de toute attention médicale. Or la pandémie est déjà arrivée dans les communautés : il y aurait 14 cas confirmés.”

Les indigènes ont bloqué l’accès à leurs six communautés : les familles ont quitté les centres urbains pour aller sur leur “chacra”, le terrain où ils cultivent. Donc s’ils n’étaient pas porteurs du virus, ils seront isolés naturellement dans la forêt. Mais il n’est pas impossible que certains se soient isolés alors qu’ils étaient contaminés. Pour le savoir, il faudrait évidemment que des équipes médicales puissent les tester. C’est ce que demande Justino Piaguaje, qui affirme qu’il y a déjà des victimes probables.

Deux de nos grands-pères sont morts. Ils n’ont pas été testés avant de mourir mais ils avaient les symptômes associés au Covid-19.

Justino Piaguaje

à franceinfo

"C’est seulement quand le premier est mort le 14 avril, conclut Justino Piaguaje, que le ministère de la Santé a envoyé une équipe médicale pour tester un autre membre de sa famille qui était aussi malade." L’arrivée d’aide humanitaire est d’autant plus urgente qu’il n’y a pas de médecins ni de matériel de prévention dans les communautés siecopai. La Commission interaméricaine des droits de l’Homme a demandé au gouvernement équatorien d’intervenir très vite pour éviter tout risque d’ethnocide.

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