Cet article date de plus de quatre ans.

En Egypte, la mort d’un jeune activiste en prison secoue le pays

Direction Le Caire, où un jeune réalisateur de clips vient de mourir. En prison. Cela faisait pourtant des mois que ses proches alertaient sur son état de santé.

Article rédigé par franceinfo - Lucas Menget
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Image de Chadi Habache extraite du clip vidéo "Balaha"  (Capture d'écran YouTube)

Chadi Habache avait 24 ans, il était enfermé depuis deux ans dans la prison de Tora, au Caire. Son crime : avoir réalisé le clip d’une chanson qui se moquait du président Sissi, chantée par un autre jeune Égyptien, qui a lui pu se réfugier en Suède. On est en mars 2018, et cette chanson s’appelle Balaha, et elle fait un carton sur les réseaux sociaux. Balaha, c’est le nom d’un personnage d’un film célèbre égyptien, qui est un menteur invétéré. Dans le pays, tout le monde comprend qu’il s’agit du surnom du président Sissi, au pouvoir depuis 2014. Le clip est censuré, mais fait malgré tout plus de cinq millions de vues sur YouTube. Chadi Habache est arrêté, condamné pour appartenance à une organisation illégale et diffusion de fausses nouvelles.  

Emprisonné, malade, sans soins 

Chadi Habache est tombé malade à l’automne dernier. Mais le pouvoir lui refusait l’accès à des médecins. Aujourd’hui personne ne sait exactement de quoi il est mort. Il avait alerté dès novembre dernier, dans un message parvenu à des défenseurs des droits humains: "J’ai besoin de votre soutien pour ne pas succomber, je meurs lentement", écrivait-il   Les ONG demandaient à avoir accès au jeune prisonnier, et à sa libération rapide. Refus constant des autorités. Le cas de Chadi Habache met en lumière les méthodes de l’Egypte de Sissi : l’organisation Human Rights Watch dénombre 60 000 prisonniers politiques depuis 2014.  

La pandémie n'a rien arrangé : les autorités pénitentiaires ont interdit les visites au parloir, isolant les détenus, et l’activité des tribunaux, pour ne pas augmenter le risque de contagion dans des prisons déjà surpeuplées. Depuis plusieurs jours, les co-détenus de Chadi Habache hurlaient aux gardiens de venir le chercher pour l’emmener à l’hôpital. Il a fini par être sorti de la cellule, et brièvement hospitalisé. Il a été reconduit dans la prison vendredi soir, et est mort dans la nuit.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.