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Covid-19 : non, les 18-25 ans ne seront pas "largement bénéficiaires" de l'aide de 150 euros

Cette annonce a été faite mercredi 14 octobre par Emmanuel Macron. Mais le chef de l'Etat s'est trompé sur le périmètre du dispositif.

Article rédigé par Anne Brigaudeau
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Le président Emmanuel Macron s'adresse aux Français, mercredi 14 octobre 2020, sur les nouvelles mesures de restriction contre l'épidémie de coronavirus. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Sauf nouvelle annonce, l'erreur du président de la République fait l'effet d'une douche froide. Lors de son interview à la télévision, mercredi 14 octobre, Emmanuel Macron a annoncé qu'une "aide exceptionnelle de 150 euros, plus 100 euros par enfant" serait versée aux "bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) et des aides personnalisées au logement (APL)". "Ce qui touche du coup tous les jeunes très largement, les 18-25 ans", s'est-il félicité. Il a aussi précisé que cette aide exceptionnelle était similaire à celle qui avait déjà été apportée au printemps pour aider les populations les plus fragiles face à la crise économique liée à la pandémie.

Une aide réservée aux foyers avec enfants à charge

Mais c'est là qu'il y a erreur. Le site service-public.fr détaille le dispositif mis en place en mai, à savoir une "aide exceptionnelle de solidarité pour les plus modestes". "Les bénéficiaires et les montants ont été définis dans le décret n° 2020-519 publié au Journal officiel du 6 mai 2020. Cette aide sera versée automatiquement aux personnes qui y ont droit, en une seule fois, le 15 mai 2020 par les caisses d'allocations familiales, les caisses de la mutualité agricole ou Pôle emploi. Elle s'ajoutera aux aides sociales versées mensuellement tout au long de l'année."

Le montant est ensuite précisé. "Cette aide exceptionnelle est de 150 euros pour les bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA), de l'allocation de solidarité spécifique (ASS), de la prime forfaitaire pour reprise d'activité, de l'allocation équivalent retraite (AER) ou du revenu de solidarité (RSO), à laquelle s'ajoutent 100 euros supplémentaires par enfant à charge", précise le site. Quant aux "bénéficiaires d'une des aides personnalisées au logement (APL) qui ne touchent pas le RSA ou l'ASS", ils "bénéficieront d'une aide de 100 euros par enfant à charge".

En clair, au mois de mai, les bénéficiaires des APL n'ont rien touché s'ils n'avaient pas d'enfant (ce qui est le cas le plus fréquent pour les 18-25 ans). Ils n'ont donc pas eu droit aux 150 euros annoncés par le président de la République. 

Jeudi 15 octobre au soir, Matignon a confirmé auprès de l'AFP que la nouvelle "aide exceptionnelle" répondrait au même dispositif qu'en mai : seuls les bénéficiaires du RSA et de l'ASS (pour les chômeurs en fin de droits) toucheront 150 euros, auxquels s'ajouteront 100 euros par enfant. Les bénéficiaires des APL ne toucheront, eux, que la prime de 100 euros par enfant. Et s'ils n'ont pas d'enfant, ils n'auront droit à rien. 

D'autres mesures promises

A priori, et dans l'attente du décret, les jeunes de 18-25 ans sont donc largement exclus de ce dispositif. En effet,  à quelques exceptions près (et notamment s'ils sont parents isolés), ils ne bénéficient pas du RSA, réservé pour l'essentiel aux plus de 25 ans.

Ils sont en revanche nombreux à toucher les APL. "Fin 2014 [d'après l'enquête nationale sur les ressources des jeunes], 23% des jeunes âgés de 18 à 24 ans perçoivent une aide au logement, ce qui représente 1,2 million de personnes", selon une note publiée l'an dernier par le ministère de la Santé. La même note précisait : "Fin 2017, 6,6 millions de foyers allocataires bénéficient d’une aide au logement", dont "44% reçoivent l’aide personnalisée au logement (APL)".

Le directeur des études de la Fondation Abbé-Pierre, Manuel Domergue, s'est indigné jeudi soir, sur Twitter, de cette absence d'aide aux jeunes.

Le Premier ministre, Jean Castex, a toutefois annoncé, jeudi, que cette mesure serait "complétée" par d'autres annonces à destination "des publics les plus fragiles, les plus pauvres et les plus vulnérables", samedi 17 octobre, à l'occasion de la Journée mondiale du refus de la misère.

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