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Covid-19 : les premiers effets de la vaccination se font-ils sentir en France ?

Article rédigé par Brice Le Borgne
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Dans un centre de vaccination de Metz (Moselle), le 6 mars 2021. (NICOLAS BILLIAUX / HANS LUCAS)

Taux d'incidence, hospitalisations et décès baissent depuis plusieurs semaines chez les personnes âgées. Un effet qui pourrait s'expliquer par le choix, fait par les autorités, de vacciner en priorité les plus de 80 ans, mais qui reste à confirmer dans le temps.

Des courbes enfin à la baisse... pour les plus âgés. C'est une nouvelle qui semble bonne, mais à prendre avec précaution. Depuis le début du mois de février, plusieurs indicateurs de l'épidémie de Covid-19, et plus précisément chez les plus de 80 ans, ont amorcé une décrue en France. L'effet des vaccins ? Probable, jugent les experts, qui appellent toutefois à la prudence.

Chez les plus âgés, la campagne de vaccination, entamée le 27 décembre 2020, a bien avancé. D'après les chiffres Santé publique France, au 9 mars, 1,46 million de personnes de plus de 80 ans avaient reçu une première dose, soit 35,2% de cette classe d'âge. Et 852 000 d'entre elles étaient totalement vaccinées, avec deux doses, soit 20,5 %. Dans les Ehpad, la grande majorité des résidents sont vaccinés. Au 9 mars, 541 000 résidents avaient reçu une première injection, soit 86,4% d'entre eux. Et 406 000 avaient obtenu la deuxième, soit 64,8%. 

Dès le début du mois de février, le taux d'incidence des plus de 80 ans a amorcé une descente, qui n'a depuis pas été stoppée. Alors qu'il était de 328 pour 100 000 habitants au 31 janvier, il a chuté à 160 aujourd'hui. Alors même que le taux d'incidence tous âges confondus a augmenté en France et stagne désormais au-dessus de 200 pour 100 000 habitants.

Le graphique ci-dessous représente l'évolution de ces taux d'incidence (nombre de contaminations pour 100 000 habitants sur la semaine écoulée), ainsi que le nombre cumulé d'injections chez les personnes de plus de 80 ans.

Daniel Levy-Bruhl, médecin épidémiologiste à Santé publique France, confirme : "On observe cette dissociation particulièrement sur les dernières semaines : une augmentation, modérée, de l'incidence au global en France, et a contrario, une tendance inverse chez les plus de 80 ans." 

A l'hôpital, on peut suivre un phénomène similaire, qui commence autour de la deuxième semaine de février : le nombre de personnes de plus de 80 ans hospitalisées pour Covid-19 baisse, pendant que celui des patients de moins de 80 ans stagne, voire augmente. Alors que depuis le début de la crise sanitaire, les deux courbes suivaient quasi-scrupuleusement le même mouvement, pour la première fois, elles se dissocient, comme le montre ce graphique.

Depuis plusieurs semaines, les données de mortalité en Ehpad, et celles sur les résidents d'Ehpad morts à l'hôpital, montrent également les premiers signes de ce qui pourrait être une forte baisse. Alors qu'on dénombrait entre 120 et 150 décès de résidents d'Ehpad par jour en moyenne, ce chiffre a chuté à 57 la semaine du 8 mars. Il faudra patienter quelques semaines pour voir si ces données, mises à jour de façon hebdomadaire, continuent leur baisse.

Ces observations sur l'épidémie, que les autorités sanitaires scrutent de près, s'expliquent-elles par la progression de la campagne de vaccination ? "On n'a pas de preuves formelles que c'est l'effet de la vaccination", tempère Daniel Levy-Bruhl, de Santé publique France. La chute du taux d'incidence chez les plus de 80 ans survient au moment où la vaccination prend de l'ampleur : début février, près de 700 000 personnes de plus de 80 ans, soit un peu moins de 20% environ de cette tranche d'âge, avaient reçu la première injection. Avant que ces chiffres  de vaccinations continuent de grimper par la suite. 

"On observe cette corrélation, sans qu'on puisse établir de causalité", note l'épidémiologiste. En poussant le raisonnement jusqu'au bout, l'expert évoque d'autres hypothèses qui pourraient expliquer ces diminutions chez les plus anciens. Un variant qui toucherait par exemple moins les personnes âgées, ou de plus strictes mesures de protections mises en œuvre par ces populations. 

Seules des études scientifiques réalisées en France, pour comparer l'évolution de l'épidémie au sein de groupes, vaccinés ou non, permettraient de prouver ce lien. C'est justement ce qu'a publié le 11 mars le ministère de la Santé israélien : le vaccin Pfizer-BioNTech serait efficace à 97% contre les cas symptomatiques et les formes graves de Covid-19. "Les résultats représentent les preuves concrètes les plus complètes à ce jour démontrant l'efficacité d'un vaccin contre le Covid-19", notait le communiqué.

De quoi conforter les experts français. "Toutes les études étrangères vont dans le même sens. On n'a pas de raison de ne pas penser que cette évolution de l'épidémie chez les sujets âgés ne serait pas le reflet de la vaccination", concède Daniel Levy-Bruhl.

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