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Covid-19 : le couvre-feu est une mesure "forte" qui "a déjà été efficace", réagit une infectiologue

La professeure Anne-Claude Crémieux, spécialiste des maladies infectieuses, a par ailleurs rappelé l'importance fondamentale du télétravail, le 15 octobre, sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo
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Dans une brasserie du 18e arrondissement de Paris le 14 octobre 2020, des clients regardent l'allocution télévisée du président Emmanuel Macron. (FREDERIC DUGIT / PHOTOPQR / LE PARISIEN / MAXPPP)

"Il fallait agir sur l'ensemble de ces interactions privées", a réagi ce jeudi 15 octobre sur franceinfo Anne-Claude Crémieux, professeure de maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Louis à Paris. Pour la membre de l'Académie nationale de médecine, la mise en place d'un couvre-feu en Île-de-France et dans huit métropoles, annoncée par Emmanuel Macron mercredi 14 octobre, est "une mesure forte" qui a déjà prouvé son efficacité, à condition qu'elle soit "associée aux autres mesures".

franceinfo : Le couvre-feu, c'est la bonne réponse à la reprise de l'épidémie dans les grandes villes ?

Anne-Claude Crémieux : En tout cas, c'est une mesure forte qui vise les interactions dans la sphère privée, qui sont des interactions sur lesquelles on n'avait pas de prise jusqu'à présent. On l'a vu pendant l'été, ce sont des endroits où il est difficile de maintenir ses distances, de porter les masques. Par conséquent, il fallait agir sur l'ensemble de ces interactions, qu'elles soient à l'intérieur des établissements, bars, restaurants, ou même dans la sphère familiale.

C'est une mesure qui a déjà été mise en place, à l'étranger, dans certains pays, en Guyane aussi. Est-ce qu'on peut en tirer des conclusions ?

C'est une mesure qui a un avantage, c'est qu'elle a déjà été efficace et la démonstration a été faite d'ailleurs par une équipe française de l'Institut Pasteur, qui a montré que cette mesure avait permis de diminuer le fameux "R", le taux de reproduction du virus de 1,7 à 1,1. C'est une mesure qui n'aura d'efficacité que si elle est associée aux autres mesures qui ont déjà été mises en place : le port du masque au travail, dans la sphère publique. Et puis, les gens doivent continuer à prendre des précautions, partout où ils vont.

Depuis les annonces du chef de l'Etat, beaucoup s'étonnent qu'on bloque 20 millions de Français à la maison le soir et la nuit, alors que les principaux foyers de contamination se trouvent sur les lieux de travail et dans les milieux éducatifs, que ce soit l'école ou l'université. Qu'est-ce que vous leur dites ?

Comme je l'ai dit, ça ne sera efficace que si c'est associé à l'ensemble d'autres mesures. En ce qui concerne les milieux de travail, le masque, la distance sociale sont essentiels et quand ça ne peut pas être appliqué, il faut effectivement encourager de façon extrêmement importante le télétravail. Ça n'a pas été assez dit hier soir. Dans les mois qui viennent, le télétravail est quelque chose qui va être extrêmement important là où on va pouvoir le faire. En ce qui concerne les facultés, c'est un vrai problème et effectivement, dans les situations où on ne pourra pas maîtriser l'épidémie, il va falloir avoir recours encore plus largement à des cours à distance. Pour maîtriser l'épidémie dans des lieux comme l'université, c'est à la fois la distance, c'est à la fois le masque, c'est aussi des tests massifs. Il faut simplifier ces tests.

Les fameux tests antigéniques, qui permettent d'avoir les résultats en une vingtaine ou une trentaine de minutes seulement, vont-ils permettre, à eux seuls, de régler cette question des délais interminables pour avoir les résultats ?

Absolument. Ces tests, qui sont un peu moins sensibles que le test de référence PCR, sont des très bons outils de dépistage massif. Il faut s'en servir parce qu'ils permettent d'identifier les personnes contagieuses dans les sept premiers jours après la contamination. Et c'est là où on veut les dépister, pour les isoler et éviter qu'ils transmettent.

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