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Covid-19 : en Guyane, "la situation s'aggrave progressivement", selon l'infectiologue Loïc Epelboin

Le gouvernement a signalé une "détérioration" de la situation sanitaire liée à l'épidémie de Covid-19 dans le département d'Outre-mer.

Article rédigé par franceinfo
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Au sein du dispensaire de Maripasoula en Guyane, le 17 août 2021. Photo d'illustration. (THIBAUD VAERMAN / HANS LUCAS / AFP)

En Guyane, l'épidémie de Covid-19 inquiète les autorités. "La situation s'aggrave progressivement", a alerté mercredi 12 mai sur franceinfo Loïc Epelboin, infectiologue au Centre hospitalier de Cayenne, alors que le gouvernement a signalé une "détérioration" de la situation sanitaire dans le département d'Outre-mer. S'il comprend le relâchement du respect des mesures sanitaires, "l'être humain ne peut pas rester confiné tout le temps", Loïc Epelboin craint que les structures hospitalières soient très vite "complètement débordées".

franceinfo : Quelle est la situation actuellement en Guyane ?

Loïc Epelboin : Dans les hôpitaux, la situation s'aggrave progressivement, notamment à Cayenne, où les salles d'hospitalisation classiques comme la réanimation sont arrivés assez rapidement en quelques jours à saturation. On avait eu un plateau la semaine dernière qui nous avait un peu faussement rassuré et c'est monté d'un coup ce week-end. L'hôpital est sous tension. On est en train trouver des solutions pour ouvrir des lits.

Est-ce que vous avez un début d'explication sur cette hausse du nombre de cas en Guyane ?

Il y a plusieurs explications possibles. On avait été jusqu'à présent rassuré par cette deuxième vague qu'on avait eue en janvier, qui s'était un peu éteinte dans l'œuf avec le confinement qui s'était remis en place. Et puis là, les mesures s'étaient relâchées. C'est comme partout dans le monde, les gens ont envie de revenir à une vie normale. En plus, on est dans des pays chauds, donc progressivement les mesures barrières se sont relâchées. Malheureusement, c'est comme ça que ça se passe. L'être humain ne peut pas rester confiné tout le temps et faire attention tout le temps. Donc ça repart.

Est-ce que de nouvelles mesures de restriction s'imposent ?

Oui, probablement. Encore une fois, aucun être humain n'a envie de vivre confiné et que tout soit fermé. Mais là, on voit bien qu'avec le taux d'incidence qui est monté au-dessus de 400 cas pour 100 000 habitants, la réanimation arrive à saturation à l'hôpital de Cayenne, ça paraît un peu nécessaire, histoire de casser la courbe épidémique. On a des ressources ici limitées en termes de structures hospitalières et de ressources humaines également. Donc, il ne faudrait pas qu'on soit complètement débordés.

Est-ce qu'il faut déjà penser à une évacuation de certains patients ?

Cela avait été un petit peu fait lors de la première vague en juin 2020. Mais c'était un moment où les Antilles étaient relativement tranquilles en termes de lits de réanimation. Là, ils ont quand même beaucoup chauffé ces derniers temps. Je crois que ça se calme un petit peu maintenant. Peut-être qu'on sera amené à devoir faire ça si on ne s'en sort pas. À l'heure actuelle, l'armée a envoyé une équipe mobile de réanimation qui vient de prendre en main six lits de réanimation à l'hôpital de Cayenne et qui va pouvoir monter en puissance en cas de besoin, palliant justement au manque de ressources humaines pour la réanimation. Mais cela peut ne pas être suffisant si ça monte très vite, très fort avec plein de patients graves.

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