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Coronavirus : "Revenez aux urgences", l’appel d’un hôpital pour enfants face à la peur des parents

La peur d’être contaminé par le Covid-19 à l’hôpital a désertifié le service des urgences pédiatriques de l’hôpital Robert-Debré, à Paris. Les soignants veulent rassurer. Pour éviter toute aggravation, "il faut consulter", rappellent-ils.

Article rédigé par Solenne Le Hen, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le Dr Assia Smail au milieu de la salle d’attente des urgences pédiatriques de l’hopital Robert-Debré, à Paris, où les gestes barrières sont respectés. (Solenne Le Hen - Radio France)

La salle d’attente des urgences pédiatriques de l’hôpital Robert-Debré à Paris, d’habitude bondée, est quasiment vide. "Nous avons trois fois moins de patients qu’avant le Covid-19", explique le docteur Assia Smail. Le coronavirus fait peur aux parents. La peur d’être contaminés les pousse même à retarder au maximum leur venue à l’hôpital, quitte à ce qu’une consultation pour une simple appendicite s’aggrave en péritonite !

Moins d’attente pour les patients

"La première fois que je suis venue, explique une maman de trois garçons qui en est déjà à sa quatrième consultation depuis le début du confinement, j’ai bien réfléchi… Je me suis dit que ce n’était pas génial… Mais on a rapidement été pris en charge et, au final, j’ai eu raison de venir. Mon bébé de deux ans a été opéré le lendemain. Il souffrait d’une arthrite septique du genou". Cette fois, c’est son fils de 8 ans, Paul, qu’elle emmène. Et la situation actuelle convient plutôt bien à l'enfant, habitué des urgences à cause d’un problème à la hanche : "Il y a moins de monde. Du coup, on attend moins !".

Plus de tristesse pour les soignants

En revanche, cette ambiance désertique convient moins au personnel soignant. "Quand j’arrive le matin, je ressens une tristesse au sein du service", soupire le docteur Assia Smail. Sa gorge se noue lorsqu’elle décrit "l’ambiance d'avant", avec "les patients, le personnel soignant qui courait pour prendre en charge tous ces enfants". "Les prises de sang, les perfusions manquent un peu à l’équipe", continue celle qui voit ça pour la première fois en 25 ans de carrière.

Revenez aux urgences si vos enfants en ont besoin.

Dr Assia Smail

Puisque les soignants veulent revoir leurs petits patients, ils font tout pour les rassurer. "Tout le monde est protégé", assure le Dr Smail. "Dès l’entrée de l’hôpital, décrit-elle, les masques sont fournis. Vous y trouverez également du gel hydrolalcoolique, comme à l’entrée de chaque consultation et du service des urgences". Assia Smail promet de "conserver longtemps ces mesures barrières" en expliquant que, par mesure de précaution, "tout enfant qui arrive à l’hôpital, est considéré comme suspect Covid" par les soignants.

Les gestes barrière sont donc scrupuleusement respectés aux urgences. Les parents et enfants sont éloignés des autres patients dans les salles d’attente. Et même si c’est plus calme, plus triste, les petits frères et sœurs ne sont plus autorisés à entrer à l’hôpital. Seuls l’enfant malade et un parent sont acceptés.

 

Les urgences pédiatriques désertées : écoutez le reportage de Solenne Le Hen

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