Coronavirus : "Des milliers d'animaux seront euthanasiés", s'alarme le président de la SPA
Jacques-Charles Fombonne demande que soit rajoutée la possibilité de venir adopter un animal dans les refuges aux motifs autorisés de sortie en cette période de confinement.
C'est un appel à l'aide que lance la SPA lundi 6 avril sur franceinfo : avec le confinement, les Français ne peuvent plus sortir de chez eux pour venir adopter chiens ou chats. Les refuges du pays qui recueillent les animaux en provenance des fourrières sont pleins à craquer et vont bientôt être saturés. Conséquence : les animaux restés en fourrière qui ne pourront pas être proposés à l'adoption seront euthanasiés. La SPA alerte sur la situation et a plusieurs idées en tête pour ne pas en arriver là, mais son président, Jacques-Charles Fombonne, désespère de se faire entendre par le gouvernement.
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franceinfo : Pourquoi la SPA lance-t-elle un appel à l'aide ?
Jacques-Charles Fombonne : Nous sommes dans une situation difficile et tendue, mais simple à expliquer. C'est comme un réservoir qui se remplit et qui ne se vide pas. Nous recueillons chaque mois sur l'ensemble du territoire à peu près 3 500 animaux. Des animaux abandonnés qui viennent des fourrières et qu'ensuite nous proposons à l'adoption. Avec le confinement, les gens ne peuvent plus sortir de chez eux pour venir adopter nos animaux. Ce qui veut dire que nos refuges se remplissent. On est maintenant quasiment en capacité complète, proche de la saturation. Lorsque nous ne pourrons plus accueillir d'animaux, les fourrières vont les euthanasier parce qu'elles ne pourront plus nous les proposer.
Quelles pourraient être les conséquences à l'avenir de voir les refuges manquer de place ?
Ça va poser, en termes de protection animale et peut-être même en termes d'ordre public, un vrai problème. Nous allons avoir des milliers d'animaux qui seront recueillis par la fourrière, que nous ne pourrons pas héberger et qui seront euthanasiés. Voilà la difficulté. Nous avons organisé nos 52 refuges avec des équipes de salariés séparées, cloisonnées, de façon à éviter la propagation de la maladie. On a de quoi nourrir nos animaux, nettoyer leur box. On n'a simplement pas la possibilité de les faire adopter. On n'est pas dans le contentieux et je comprends qu'il y ait d'autres priorités, évidemment. Mais alors que nous proposons des solutions, le gouvernement ne nous écoute pas.
On va être à saturation alors que j'ai des centaines de demandes d'adoption sur Internet et des milliers d'animaux à proposer à l'adoption.
Jacques-Charles Fombonne, président de la SPAà franceinfo
Il ne reste que 300 à 400 places dans les refuges. Très, très vite, on va être à bloc et là, on va regarder la liste des animaux perdus et euthanasiés s'allonger. Alors que le problème pourrait être réglé de manière très simple.
Quelles sont les solutions que vous proposez ?
Nous avons mis au point un processus de choix des animaux sur Internet. Les gens choisissent leur animal, prennent un rendez-vous individualisé et horodaté de façon à ce qu'ils soient les seuls à la porte du refuge. On leur présente l'animal, on leur donnerait l'animal sans qu'il y ait de contact entre les salariés et la personne. Ensuite, nous régulariserions l'ensemble des dispositions lorsque le confinement serait terminé. On parle de cette démarche aux autorités gouvernementales depuis une dizaine de jours pour nous faire entendre, mais cela n'arrive pas à déboucher parce qu'il faudrait une autorisation ministérielle pour permettre aux Français de venir jusqu'à nos refuges. Les préfets, eux, hésitent à nous donner l'autorisation de procéder à ces adoptions. C'est comme si l'État abandonnait une deuxième fois des animaux qui avaient déjà été abandonnés.
Le plus simple serait peut-être simplement de rajouter une case sur l'autorisation dérogatoire. Vous savez, pour sortir de chez soi, ajouter simplement aux besoins de l'animal la possibilité d'aller l'adopter dans un refuge.
Jacques-Charles Fombonne
Ils l'ont bien modifié une fois déjà, ce document. On peut peut-être rajouter ou simplement considérer que le bien-être animal, ce n'est pas seulement promener son toutou, mais ça peut être aussi aller chercher un chien ou un chat. Je m'engage, si on nous y autorise, à suivre une procédure extrêmement sécurisée. Nous pouvons même réaliser des adoptions à raison d'une seule journée par semaine, en présence de la Direction de la protection des personnes, ce qui permettrait à l'État de contrôler que nous faisons les choses comme il faut, de façon sécurisée. Mais on a vraiment besoin que l'autorité administrative nous autorise à faire ces adoptions.
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