Coronavirus : le rappeur Abd Al Malik prête sa voix aux témoignages des Mulhousiens
Comme une réponse à la pandémie, le slameur alsacien a lu sur la scène de la Filature des lettres de Mulhousiens adressées à leur ville.
Il est parfois calme et serein, parfois rageur et enflammé, toujours puissant. Avec une force incroyable, le slameur alsacien Abd Al Malik porte sur scène les paroles des habitants de Mulhouse, invités cet été à raconter leur confinement et le traumatisme de l'épidémie. L'initiative intitulée Lettres à ma ville a été lancée par la Filature dans le but d'exorciser le traumatisme d'une ville particulièrement meurtrie par l'épidémie.
Très vite, les Mulhousiens ont répondu à l'appel de la Scène nationale en rédigeant des lettres graves, drôles ou poétiques, souvent des déclarations d'amour à leur ville. "Au départ, entre nous, ce n’était pas gagné. Dans toute la France, j’entendais déjà que tu étais morose, dangereuse", raconte l'une d'elle.
Abd Al Malik, amoureux des mots, fait résonner avec justesse ces textes si différents. Des lettres sincères qui disent leur attachement à Mulhouse. "Ma chère ville de Mulhouse, je t'écris cette lettre pour te dire mon affection, toi qui m'a vu naître."
C'était vraiment émouvant, c'était beau.
Abd Al Malik
"Laisser derrière nous cet épisode violent"
L'idée du projet est née dans la tête du directeur de la Filature. Il s'agissait de faire écho à une initiative portée en 1993 par le premier directeur lors de l'inauguration de la Scène nationale. A l'époque, des lettres de Mulhousiens ont été lues par Lambert Wilson. Presque 30 ans plus tard, Benoît André tente, lui, de tourner la page de cette période sombre. La violence du virus, le confinement, les morts... un traumatisme encore présent.
"Le philosophe Fredéric Worms dit que l'un des signes de la sidération c’est le silence, c’est l’incapacité à parler et à dire les choses, explique Benoît André. Il m’a semblé que la parole, l’écriture, les mots et les confidences des Mulhousiens étaient une manière d’essayer de résoudre ou de laisser derrière nous cet épisode violent qu’a connu Mulhouse."
Le choix du dépouillement
Sur scène, Abd Al Malik fait le choix du dépouillement. Assis derrière un pupitre, il imprime son phrasé unique accompagné de son bassiste Izo Diop. Le temps de deux représentations, les 22 et 23 septembre, l'échange avec les spectateurs est emprunt d'emotion. "On essaye d’être des médiums, de transporter quelque chose et c’est vrai que ce partage-là a été bouleversant", raconte l'artiste.
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