Cet article date de plus de quatre ans.

Coronavirus : "Il ne faut pas faire les malins par rapport aux Italiens", prévient le président de la Fédération des médecins de France

"Tout le monde croise les doigts", pour que la France ne se retrouve pas dans la même situation que l'Italie face à l'épidémie de coronavirus explique le président de la Fédération des médecins de France. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Jean-Paul Hamon, le président de la Fédération des médecins de France. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Pour Jean-Paul Hamon, invité de franceinfo, "il ne faut pas faire les malins par rapport aux Italiens parce qu’on ne sait pas du tout ce qui va nous tomber dessus".

L’Italie, plus gros foyer du coronavirus en Europe compte ses morts : 827 en tout, et plus de 12 000 malades. Des mesures drastiques ont été prises dans le pays pour lutter contre l’épidémie. En France, malgré des mesures de précautions étendues à tout son territoire, le virus progresse également avec au moins 48 morts jeudi 12 mars.

Franceinfo : Va-t-on connaître la même situation qu’en Italie par rapport au coronavirus ?

Jean-Paul Hamon : Tout le monde croise les doigts pour que ce ne soit pas le cas. Pour le moment, on a réussi à freiner le développement du virus, même si le nombre de diagnostiqués positifs en France ne représente actuellement pas grand-chose puisqu'il y a certainement beaucoup plus de cas qui sont réellement touchés. Je pense qu'on ferait bien de mieux compter le nombre de personnes en réanimation atteintes du coronavirus et le nombre de décès. Cela refléterait beaucoup plus l'état de l'épidémie.

Il y a infiniment plus de cas en circulation que le nombre qui est donné. On ne les teste pas tous.

Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France

à franceinfo

Dans mon cabinet par exemple, j'ai testé sept personne entre hier et aujourd'hui. J'aurai les résultats dans la journée et le laboratoire qui me fournit les tests me dit qu'il ne lui en reste plus que deux. Donc, cela risque de gêner la comptabilité des cas de Covid-19.

Dans les hôpitaux, il faut éviter la surcharge, comme c’est le cas en Italie ?

Oui, notamment la surcharge pour les lits de réanimation. On doit avoir, en tout, entre 5 000 et 12 000 lits de réanimation en France, qui sont déjà occupés par pas mal d'autres pathologies. Chaque jour de gagné, ce sont des jours qui vont permettre de libérer des lits de réanimations et permettre aux Français qui sont atteints d'être pris en charge correctement.

Le Premier ministre italien Matteo Renzi a exhorté la France à "ne pas faire la même erreur" que l’Italie. Le bilan italien de l’épidémie aurait-il pu être différent si les autorités s'y étaient prises autrement ?

Je pense qu'elles ont été confrontées à des cas hyper contaminants. La personne qui a été identifiée en tant que patient 1, qui naviguait entre la Vénétie et la Lombardie, a contaminé pas mal de personnes. L’Italie n’a pas été aussi réactive que nous, mais sincèrement, il ne faudrait pas faire les malins par rapport aux Italiens, parce que l'on ne sait pas du tout ce qui va nous tomber dessus.

Il faut quand même rappeler qu’on guérit du coronavirus dans 98 % des cas. Il y a 15 % de personnes qui nécessiteront une hospitalisation, et il y en a 6 ou 7 % qui iront en réanimation. En réanimation, on trouvera peut-être des gens jeunes. Mais ceux qui étaient en bonne santé avant de s’y trouver s’en sortiront, à l’inverse des personnes âgées et celles atteintes de plusieurs pathologies. Il faut protéger les personnes fragiles, ce qu'on fait actuellement. Mais il y a une attention particulière à avoir auprès des personnes qui sont diabétiques, obèses, qui ont des problèmes respiratoires, cardiaques, celles qui sont en traitement de chimiothérapie ou qui ont des dépressions immunitaires. Il ne faut pas leur rendre visite inutilement, même si on est en bonne santé, parce que on peut être porteur du coronavirus sans avoir aucun symptôme.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.