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"Pas d'entrain, pas d'envie" : le blues des étudiants de première année

Les cours à distance sont particulièrement difficiles à suivre pour les étudiants qui entament leur cursus. Sans vie sociale, sans lien direct avec les enseignants, le suivi des études est laborieux. Certains ont déjà décroché.

Article rédigé par Alexis Morel - Édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Arthur, 18 ans, étudiant en L1 de sciences à l'université Versailles Saint-Quentin, dans son salon, le 19 novembre 2020. (ALEXIS MOREL / RADIO FRANCE)

Le campus, les amphis, Arthur n'en a eu qu'un bref aperçu. Quelques semaines après sa première rentrée universitaire à l'université Versailles Saint-Quentin, le voilà contraint de suivre sa licence de sciences totalement à distance, seul face à son ordinateur. "Le moral est vraiment au plus bas", confie le jeune homme. Depuis trois semaines maintenant, à l'université, tous les cours, ou presque, se font à distance, en raison de l'épidémie de Covid-19 et du confinement. C'est encore plus compliqué pour les jeunes en première année, ceux qui découvrent la fac et son fonctionnement.

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Arthur, 18 ans, a déjà vécu la fermeture du lycée ce printemps, le bac en contrôle continu, mais ce n'est rien, assure-il, à côté de ce qu'il vit aujourd'hui : "Le lycée, c'était un vrai cocon. Là, l'université en distanciel, c'est presque trop demander aux étudiants. On nous demande de passer d'adolescent à un vrai étudiant, qui est tout seul chez lui, prêt de 12 heures par jours. Il n'y a pas d'entrain, il n'y a pas d'envie."

"On n'a vraiment aucune interaction avec le monde, on est seul face à un cours."

Arthur, étudiant de 18 ans

à franceinfo

Sur le plan de la vie étudiante, là aussi c'est décevant, assure le jeune étudiant : "On s'attendait à ce que l'université, ce soit avoir une vie sociale de dingue, beaucoup de soirées, beaucoup de nouvelles découvertes, et c'est loin d'être le cas. Les L2, les L3 [les deuxième et troisième année], ils ont déjà des liens avec d'autres promo. Alors que nous, les première année, on est des soldats en terre inconnue." Et si cette situation devait perdurer ? "Plus le temps passe, plus ça devient difficile. C'est vrai que le décrochage est une vraie peur."

"J'ai peur de me lever le matin et de me dire aujourd'hui je n'ai envie de ne rien faire."

Arthur, étudiant de 18 ans

à franceinfo

Le décrochage des première année, c'est justement la grosse crainte des universités. D'ailleurs, certains ont déjà laissé tomber. "Je m'appelle Inès, j'ai 19 ans. J'ai fait ma rentrée en septembre à la Sorbonne en histoire, et j'ai abandonné il y a une dizaine de jours, confie la jeune femme. Je ne suis pas très scolaire à la base, et le fait de ne pas du tout être encadrée, ça a été trop compliqué en fait. Ma première visio-conférence, je me suis endormie."

"J'entends un mot sur quatre"

Sans compter les difficultés techniques : "Par exemple en termes de connexion, il n'y a plein de cours auxquels je ne pouvais pas assister parce que je capte mal. Je dois attendre 15 minutes pour charger un lien, le zoom [logiciel de visio-conférence] est saccadé, j'entends un mot sur quatre, ce n'est pas du tout motivant pour des étudiants de première année."

Mais Inès garde le sourire : quitte à être à distance encore plusieurs mois, autant faire ce qui la passionne vraiment. Elle prépare déjà sa réorientation dans la communication. Le gouvernement, de son côté, a prévu de recruter 1 600 étudiants plus âgés d'ici janvier pour accompagner, parrainer ces première année particulièrement fragiles.

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