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"Selon une étude…" Comment repérer une étude sérieuse ?

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, beaucoup d'études sont citées pour donner de la crédibilité aux informations qui circulent sur ce virus. Mais comment faire la différence entre une étude fiable et une étude qui ne l'est pas.

Article rédigé par franceinfo - Célia Gueuti
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Toutes les études scientifiques ne sont pas forcément fiables. (JANIECBROS / E+)

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, vous l’entendez sur toutes les chaînes, vous le voyez dans tous les posts de vos réseaux sociaux : "Une étude dit que…" ; "Selon une publication…". Le mot "étude" donne facilement du poids à une information. Certaines publications sont tout de même plus crédibles que d’autres. Alors comment les reconnaître ? Éléments de réponse.

Elle est publiée par une revue crédible

La première étape pour s’assurer du sérieux d’une étude est de vérifier la crédibilité du site qui la publie. Certains noms ont plus de poids que d’autres. En médecine, la revue britannique The Lancet est par exemple une référence. De nombreux sites répertorient d’ailleurs les principales publications, comme l’Union Nationale des Associations de Formation Médicale et d’Evaluation Continues.


Concernant les critères de publications, chaque éditeur a ses propres règles, plus ou moins strictes. Par exemple, "Medical Hypotheses" a publié la semaine dernière une étude, soi-disant réalisée par l'université de Stanford et diffusant des intox sur le port du masque. En cherchant des informations sur cette revue, on retrouve une publication de son éditeur qui explique proposer "des articles théoriques basés sur des idées scientifiques radicales, spéculatives et non traditionnelles."

Sa méthodologie est claire

La méthodologie est habituellement juste en dessous des résultats, en première partie et explique le protocole expérimental qui a été suivi. Prenons une étude publiée sur la santé mentale des Français. Juste en dessous des objectifs, on apprend que régulièrement, 2 000 personnes, choisies en fonction de quotas, ont répondu à un même questionnaire en ligne sur leur santé mentale.

Les trois questions principales auxquelles la partie méthodologie doit répondre sont: Comment est choisi l’échantillon? Comment les données sont récoltées? Quelles données sont récoltées? Il important que cette méthodologie soit respéctée pour que l’expérience puisse être refaite d’une part et pour montrer que les scientifiques n’ont pas choisi les paramètres de l’étude pour obtenir les résultats qu’ils voulaient.

Elle a été relue

Ce qui donne aussi sa légitimité à une publication, c'est de savoir si elle a été relue et par qui. Avant d’être mise en ligne par un éditeur, un article doit être relu par des scientifiques réviseurs. Ils vont faire des commentaires pour que l’article soit corrigé, abandonné ou publié. Dans la plupart des cas, les auteurs ne savent pas qui les relisent et les réviseurs ne savent pas le nom de l’auteur : c’est un système de double aveugle.


Le problème dans le cas des publications sur le Covid-19, c’est qu’il faut aller vite et le processus n’est habituellement pas rapide. On peut voir par exemple que cette étude sur la ventilation des cuisines a été envoyée le 22 mai 2020 et n’a pu être publiée qu’un an plus tard, le 22 avril.

Capture d'écran d'une étude sur le site Taylor&Francis Online. (CAPTURE ECRAN / SITE TAYLOR AND FRANCIS ONLINE)


Certaines études sont donc en "PrePrint" ou "Online First" comme le présente The Lancet, qui précise que beaucoup de ces papiers ont été relus, mais ce n’est pas le cas de tous. Le 2 juin 2020, la revue avait dû enlever une étude, déjà publiée, sur l’ hydroxychloroquine suite à sa relecture.

Les auteurs sont identifiables

La dernière étape est de déterminer qui a fait une étude. Il y a souvent dans la présentation des auteurs (juste en dessous du titre de la publication) une longue liste de noms, mais tous n’ont pas participé à la recherche. Certains ont seulement relu ou approuvé la version finale du manuscrit.


Les trois questions à se poser sont donc les suivantes : est-ce que les auteurs sont connus ? Est-ce qu’ils sont bien spécialistes dans le domaine de l’étude ? Est-ce qu’ils ont un intérêt à publier les résultats de leur enquête. On peut par exemple vérifier s’il n’y a pas de conflits d’intérêts entre un scientifique et son étude.

Alors avant de partager une étude, pensez à bien vérifier : si la revue qui la publie est bien crédible, si la méthodologie utilisée est fiable, si elle a été relue et si ses auteurs sont identifiables et sérieux. Et comme le disent deux professeurs de l’université de Washington : "N’importe quel article scientifique peut être faux."

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