Après la fin du "quoi qu'il en coûte", la CPME demande au gouvernement "d'étaler davantage le remboursement des prêts garantis par l'Etat"
Selon Jean-Eudes du Mesnil du Buisson, secrétaire général de la Confédération des petites et moyennes entreprises, "si on ne le fait pas, on risque d'avoir dépensé en pure perte l'effort massif, il faut le souligner, et efficace de l'Etat".
Alors que le gouvernement annonce la fin du Fonds de solidarité le 1er octobre prochain, la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), appelle, le lundi 30 août sur franceinfo l'Etat à "étaler sur cinq années et probablement davantage pour certaines entreprises", les prêts garantis par l'Etat.
franceinfo : La fin du fameux, "quoi qu'il en coûte", ça génère des inquiétudes ?
Jean-Eudes du Mesnil du Buisson : Oui. En même temps, ce "quoi qu'il en coûte" est quelque chose d'artificiel et on comprend très bien que c'était pour faire face à une situation particulière, pour compenser les obligations qui avaient été imposées aux entreprises. Il faut bien en sortir. Ce sera bientôt l'heure de vérité, quand les entreprises n'auront plus de soutien financier.
Malheureusement certaines auront du mal à rembourser les prêts garantis par l'Etat ou à faire face au report de charges sociales et fiscales. Donc, oui, il y a une véritable inquiétude.
Le Fonds de solidarité sera supprimé à la fin du mois de septembre et même au mois de septembre, il faudra déjà avoir une activité minimale de l'ordre de 15% pour en bénéficier.
Ensuite, on passera à l'étape d'après qui sera ce qu'on appelle l'aide aux coûts fixes pour compenser les pertes d'exploitation par rapport aux revenus accumulés par l'entreprise. En clair cela veut dire que toutes les dépenses de l'entreprise, le loyer, les charges de personnel, etc. S'il n'y a pas de revenus suffisants pour les secteurs qui sont listés et ces secteurs sont évidemment limités. A ce moment-là il y aura une aide de l'Etat.
Vous craignez des dépôts de bilan ou pas à ce point-là ?
En période habituelle, on tourne autour de 50 000 défaillances d'entreprises par an. Cette année, on est à peu près 25 000 défaillances d'entreprises, et on sait très bien que c'est lié à l'aide massive qui a été apportée par l'Etat. Donc, il y aura mécaniquement un effet de rattrapage. On sera a minima autour de 70 000... Sauf que derrière, il y a évidemment des femmes et des hommes qui vont se retrouver en grande difficulté.
Nous avons aussi demandé au gouvernement d'étaler davantage le remboursement du fameux prêt garanti par l'Etat (PGE). Sinon, des entreprises vont se retrouver en difficulté parce que le chiffre d'affaires ne sera pas suffisamment au rendez-vous pour dégager de la marge permettant de rembourser le PGE.
L'étaler dans le temps. Mais combien de temps ?
C'est difficile à dire. Parce qu'évidemment, ça dépend de chacune des entreprises. Il faudrait a minima que ça puisse se faire sur cinq années et probablement davantage pour certaines entreprises. Idéalement, il faudrait qu'on aille jusqu'à dix de remboursement pour le PGE [prêt garanti par l'Etat]. Il est à craindre qu'on n'arrive pas jusque-là parce qu'on a des règles européennes qui sont assez contraignantes. En tout cas, il faut impérativement qu'on puisse l'étaler au plus grand nombre d'années que ce qui est prévu aujourd'hui.
Ça doit faire l'objet de négociations avec le gouvernement et s'il y a des rendez-vous prévus prochainement ?
Oui, il y a effectivement des réunions qui ont été projetées, sur cette affaire de PGE avec les représentants des banques, c'est-à-dire la Fédération bancaire française. Et puis, encore une fois, on aura les règles européennes en ligne de mire puisque la France doit respecter ses règles européennes et notamment en ce qui concerne les aides aux entreprises. Les contraintes sont assez fortes dans ce domaine pour éviter tout simplement les distorsions de concurrence entre pays. Ce que l'on peut entendre, mais de l'autre côté, on vit avec les réalités d'entreprises qui se sont retrouvées en très grande difficulté. Il faut qu'on leur donne un coup de main pour s'en sortir. Si on ne le fait pas, on risque d'avoir dépensé en pure perte l'effort massif, il faut le souligner, et efficace de l'Etat. Simplement, il ne faut pas les lâcher au moment de la ligne d'arrivée.
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