Cet article date de plus de quatre ans.

Adolescente morte du coronavirus : "Cela reste exceptionnel, mais cela peut se reproduire", explique un virologue

Bruno Lina, virologue au CHU de Lyon, revient sur la mort d'une jeune fille de 16 ans atteinte du Covid-19. Une première pour un mineur en France. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Les patients atteints du Covid-19 affluent dans les services d'urgences d'Île-de-France.  (THOMAS SAMSON / AFP)

En France, près de 1 700 personnes sont mortes du coronavirus, dont une adolescente de 16 ans, en Île-de-France. C'est la première mineure à mourir du Covid-19. "Cela reste exceptionnel, mais c'est quelque chose qui peut se reproduire"; a expliqué vendredi 27 mars sur franceinfo Bruno Lina, virologue au CHU de Lyon, membre du conseil scientifique présidé par le ministre de la Santé, Olivier Véran dans la lutte contre l'épidémie de coronavirus Covid-19.

franceinfo. Le cas de cette adolescente est-il une exception ?

Bruno Lina. "Absolument, cela reste exceptionnel, mais c'est quelque chose qui peut se reproduire. Malheureusement, on est dans une dynamique épidémique, on va avoir un nombre de cas importants. Si l'on rapporte en proportion le nombre de personnes qui ont le même âge que cette jeune fille, qui est décédée, on voit que le risque est extrêmement faible, il tombe à des centièmes de pourcents. On n'a pas d'indicateurs qui nous permettent d'identifier les patients qui vont évoluer vers les formes graves."

Comment évolue le coronavirus ?

Dans l'immense majorité des cas, l'infection commence simplement. On a une très grosse fièvre, parfois une fatigue très importante, les gens se plaignent de ne pas pouvoir se lever du lit. Cela dure deux jours et après ça va mieux. La plupart du temps cela dure 5 jours. On observe au cinquième jour une notion d'oppression respiratoire, de difficulté, et puis ça passe. C'est comme cela pour la majorité des gens. Ce qui est probablement arrivé à cette jeune fille, c'est qu'au moment où on bascule vers la forme respiratoire il n'y a plus de virus détectable dans le nez du patient, il a disparu. Il y a un phénomène massif qui se développe au niveau pulmonaire et avec parfois une multiplication du virus au niveau pulmonaire. Soit elle est très vite contrôlée par l'organisme et on guérit, soit elle ne l'est pas et on retrouve du virus en quantité importante au niveau des voies aériennes inférieures. C'est ce qui s'est passé chez cette jeune fille et c'est un signe de gravité. Quand on voit réapparaître cette positivité c'est un signe de très forte gravité. On voit un petit nombre de patients qui évoluent sur ce format-là.

Est-ce que cela dépend uniquement de l'organisme des patients ou est-ce qu'il y a des formes plus sévères que d'autres ?

Il n'y a pas de variant génétique. Il n'y a pas de virus qui présente des signes de virulence particulière. C'est vraiment une population virale qui est très homogène. Il y a une surveillance extrêmement étroite de ces virus qui circulent, on en séquence beaucoup. On essaie de comprendre pourquoi certaines personnes font ces formes graves. Il y a probablement quelque chose à regarder du côté de la qualité et de l'importance de la réponse immunitaire après l'infection, mais on n'a pas les éléments qui permettent d'expliquer, c'est trop tôt.

Peut-on être placé en réanimation à n'importe quel âge ?

En proportion le nombre de personnes qui ont plus de 60 ans et 70 ans est beaucoup plus important que les moins de 60 ans. Cela veut dire qu'il y a un risque plus élevé chez les plus âgés, mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de risques chez les plus jeunes. La situation de cette jeune fille, qui est terrible, reste très exceptionnelle. On voit que les très jeunes enfants et les personnes de moins de 30 ans semblent plutôt épargnées. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de risques, cela veut dire qu'ils sont moins importants.

Les allergiques et asthmatiques sont-ils plus vulnérables ?

Les pathologies respiratoires chroniques et l'asthme sont toujours des facteurs de risques, qui augmente la possibilité de présenter des formes graves vis-à-vis de l'ensemble des manifestations et des infections respiratoires. Il faut qu'ils [ces malades] s'appliquent le confinement encore plus que les autres et qu'ils soient vigilants.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.