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Cancers, risques pour le foetus : les professionnelles de santé en danger à cause des solvants

Une nouvelle étude publiée par Santé publique France dénonce l’exposition professionnelle aux solvants des femmes en âge de procréer. Sages-femmes, infirmières et aides-soignantes font partie des plus concernées.  
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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Cancers, risques pour le foetus : les professionnelles de santé en danger à cause des solvants

Des professionnelles de santé exposées à des solvants cancérogènes et à risque pour les foetus. Tels sont les résultats d'une nouvelle étude de l'Agence nationale Santé publique France sur les expositions professionnelles aux solvants, publiée dans le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH) du 26 février 2019. En première ligne : les infirmières, les sages-femmes et les aides-soignantes.

"Des répercussions sur les enfants nés ou à naître"

Pour mener leurs travaux, les experts de Santé publique France se sont intéressés à l’exposition aux solvants des femmes entre 15 et 44 ans dans leur milieu professionnel et ont donc épluché les données professionnelles de 7 427 228 travailleuses. Sur toutes ces femmes, 15% sont exposées à des solvants oxygénés, 1% à des solvants pétroliers et 0,1% à des solvants chlorés. Problème : "Parmi ces solvants, certains sont classés cancérogènes par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) et/ou comme CMR (cancérogène, mutagène1, reprotoxique2) d’après la classification européenne" note Santé publique France dans son BEH. Une exposition répétée à ces substances chez des femmes enceintes ou en âge de procréer pourrait donc créer un risque de cancer et "avoir des répercussions sur les enfants nés ou à naître", constatent les experts.

Alcools à risque dans les solutions hydro-alcooliques

Mais quelles sont les professions les plus touchées ? Pour les solvants oxygénés (alcool comme éthanol ou isopropanol, cétones, éther éthylique…), 41% des travailleuses exposées sont des employées civiles et des agentes de la fonction publique, dont les aides-soignantes et les agentes de service hospitalier et 21% sont des professionnelles intermédiaires de la santé et du travail social telles que les sages-femmes et les infirmières. Celles-ci sont également concernées par l’exposition aux solvants chlorés (trichloroéthylène, chlorure de méthylène, perchloroéthylène ou chloroforme).

Pour ces professionnelles de santé, l’enquête SUMER 2010 (pour Surveillance médicale des expositions aux risques professionnels) publiée en 2015 par la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES) révélait déjà l’usage répandu de certains solvants oxygénés comme par exemple les alcools : "En milieu hospitalier, les solutions hydro-alcooliques utilisées en désinfection pour le personnel ou le nettoyage de surfaces renferment fréquemment de l’éthanol en quantités variables." Et quand il ne s’agit pas d’éthanol, c’est un autre alcool, l’isopropanol, "qui est utilisé en remplacement dans les solutions hydro-alcooliques". Or ces deux solvants peuvent, par inhalation, avoir des conséquences sur la santé reproductive. Ainsi, selon l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS), les données obtenues chez l’humain montrent qu’une exposition respiratoire répétée à l’éthanol est liée à une baisse de la fertilité féminine, à des anomalies du développement fœtal et à un retard de croissance. De même, toujours selon l’INRS, les données animales obtenues sur l’isopropanol montrent un effet négatif sur le développement post-natal.

Mais que faire pour se protéger efficacement ? "Il existe des normes de protection face à l’utilisation des solvants mais celles-ci peuvent être complexes à suivre en pratique" note le professeur Robert Barouki, médecin, biochimiste et toxicologue. "Quand il s’agit de porter des gants pour se protéger des expositions cutanées, cela ne pose pas de problème, mais quand ce sont des choses que l’on respire qui nous exposent à des produits chimiques, c’est plus difficile de venir travailler à l’hôpital avec un masque à gaz !" expose-t-il.

"En raison de la lutte contre les infections nosocomiales, les normes hospitalières imposent des précautions d'hygiène comme le lavage des mains, le recours aux solutions hydro-alcooliques, qui contiennent d’ailleurs potentiellement des solvants dangereux"  poursuit le toxicologue. "Mais la protection contre le risque individuel aux expositions chimiques est plus complexe à imaginer et à instaurer. Il s’agit d’un véritable problème, notamment pour le personnel en âge de procréer, qui mérite une grande attention".

Coiffeuses, esthéticiennes et conductrices également exposées

Les agentes de service hospitalier sont, quant à elles et comme toutes les agentes d’entretien de service non-hospitalier, exposées aux solvants par l’utilisation répétées de produits ménagers. Ainsi, les professions liées à la santé ne sont pas les seules à être exposées aux solvants. Selon Santé publique France, 19% des travailleuses exposées aux solvants oxygénés exercent une profession de services directs aux particuliers : coiffeuses, esthéticiennes ou encore employées de l’hôtellerie.

Enfin, derniers solvants pointés du doigt par les experts : les carburants et solvants pétroliers, auxquels les conductrices de véhicules, les ouvrières qualifiées de type industriel et de type artisanal sont particulièrement confrontées.

 

1Mutagène : capable de provoquer des mutations sur l’ADN.
2Reprotoxique : capable d’altérer la fertilité des femmes ou des hommes ou d’altérer le développement d’un foetus.

 

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