"Et les mistrals gagnants" : Anne-Dauphine Julliand sur les pas de cinq enfants gravement malades
Le documentaire d'Anne-Dauphine Julliand suit le quotidien de cinq enfants de 6 à 9 ans atteints de maladies graves, sans tabou ni pathos. Franceinfo a rencontré la réalisatrice.
C'est le film France Info de la semaine. Un documentaire, "Et les mistrals gagnants" de Anne-Dauphine Julliand, sur un sujet délicat. La réalisatrice, qui a elle-même perdu un enfant en bas âge a suivi cinq enfants de 6 à 9 ans atteints de maladies graves.
France info : le film parvient à briser un tabou, regarde la réalité en face sans pathos ni sentimentalisme...
Anne-Dauphine Julliand : Ce film est un film sur la vie. Parce qu'il est stupéfiant de voir qu'un enfant malade, en l'occurence des enfants qui ont des pathologies assez lourdes, garde son envie de vie, son instinct de vie, quelles que soient les circonstances. Chez les enfants, il y a zéro pathos, aucun tabou. C'est pour cette raison qu'il n'y a ni l'un ni l'autre dans le film. Nous les avons suivis à leur hauteur, selon les propositions qu'ils nous faisaient pour les accompagner dans leur quotidien. Les enfants sont capables de parler de la maladie, de la mort, de la souffrance avec simplicité. Ce film est une invitation à retrouver cet esprit d'enfant, cette insouciance. Pas "innocence" : on a trop tendance à croire que les enfants ne savent pas. Ils savent très bien et bien avant qu'on leur dise, ce qu'est la vie.
Les scènes d'activités, comme le théâtre, sont une manière de dire que nous avons besoin de thérapies très actives pour que le corps se nourrisse d'hormones positives ?
Oui ! Et puis aussi montrer que ces enfants ne sont pas que des enfants malades, qu'ils sont avant tout des enfants : l'une aime le théâtre, l'autre le foot. Ce qu'ils nous montrent, c'est que la maladie n'a pas contaminé tous les aspects de leur vie. Et qu'ils continuent à avoir des aspirations très normales.
Ce film permet aussi aux parents de trouver leur place...
Oui, je pense que ce film les a aidés. J'ai été très surprise de la spontanéité de leur réponse, de leur consentement au film. Je pensais que cela serait plus difficile de les convaincre. Ils ont tous des vies difficiles et tous ont dit : 'oui'. Je crois qu'ils sont bluffés par la manière dont leur enfant avance dans la vie, et finalement, s'ils arrivent à s'en sortir, c'est qu'ils calent leurs pas dans ceux de leurs enfants et qu'ils retrouvent un peu de cette insouciance. Tous ont été ravis et ont adhéré au projet. Les enfants nous donnent une leçon, une leçon de bonheur, sans nous faire la leçon. Ils avaient envie que ce message traverse les murs de leurs maisons et nous rejoigne.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.