Acouphènes, hyperacousie : des souffrances trop silencieuses
Plus d’un quart des Français auraient déjà souffert, au moins transitoirement, d’acouphènes (voir encadré), selon un sondage réalisé pour l'association Journée nationale de l'audition (JNA), avec l'association France Acouphènes et la Fondation pour l'audition [1]. Un test auditif a été proposé aux sondés souffrant d'acouphènes, pour vérifier si ces derniers étaient associés à une perte d'audition. Résultat : 23% des personnes souffrant d'acouphènes devraient faire vérifier leur niveau d'audition par un ORL…
Les moins de 25 ans sont deux fois plus nombreux que la moyenne des Français à avoir déjà expérimenté des acouphènes (56% des 15-17 ans et 49% des 18-24 ans). Cela conforte l'idée que les acouphènes sont davantage "liés à des traumatismes sonores qu'à des problèmes de santé liés à l'âge", souligne l'association JNA. L'écoute prolongée de musique sur baladeur ou smartphone est particulièrement en cause. "Autrefois il fallait un tourne disque, il fallait brancher une chaîne ou aller voir un concert pour avoir accès à de la musique amplifiée. Aujourd'hui, un téléphone suffit. Et la plupart des jeunes sont rivés à leur téléphone avec des casques qui amplifient le son. Et plus ils écoutent fort, plus ils ont l'impression que la dose d'émotion est importante. Ils prennent des risques beaucoup plus importants que leurs aînés" explique Philippe Metzger, audioprothésiste et secrétaire général de l'association (cf vidéo ci-dessus).
"Seul un tiers des personnes ressentant des acouphènes en ont parlé à des professionnels de santé", déplore l'association, selon laquelle "près de 80% des moins de 35 ans n'ont jamais fait contrôler leur audition".
Voir notre dossier : Comment venir à bout des acouphènes ?
L'hyperacousie, plus incommodante encore que les acouphènes
Un autre trouble de l'audition, l'hyperacousie (hypersensibilité aux bruits), plus handicapant encore que les acouphènes, concernerait 8% de la population, selon la JNA (16% des 15-17 ans).
"Les impacts de l’hyperacousie dans la vie de ceux qui en souffrent semblent plus incommodants que pour les personnes souffrant d’acouphènes", observe l’association. "Près des deux tiers des personnes souffrant d’hyperacousie estiment qu’elle a un effet sur leur vie sociale (66%) et familiale (64%) voire qu’elle impacte leurs loisirs (56%). C’est dans un second temps que la vie professionnelle (47%) et la vie intime (36%) apparaissent impactées, mais toujours un peu plus que dans le cas des acouphènes".
Outre une irritabilité plus forte (71%), "près d’une personne concernée sur deux estime que ce phénomène impacte également son sommeil (52%), accroît son anxiété (48%) et son sentiment d’isolement (46%)". Par ailleurs, "près de trois personnes souffrant d’hyperacousie sur dix (28%) se disent plus dépressives" à cause de ce phénomène. Seuls 25% des personnes souffrant de cette condition l’ont déjà évoqué à un professionnel de santé.
L'association appelle à faire de l'audition "un enjeu de santé publique" en mettant en place "une politique active de prévention identique à celle de la lutte contre l'obésité". Des actions de prévention auront lieu ce 8 mars pour la Journée nationale de l'audition (programme sur le site www.journee-audition.org).
avec AFP
[1] Sondage Ifop réalisé en ligne du 9 au 12 février auprès d'un échantillon de 1.003 personnes, représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus.
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