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Le numerus clausus est-il responsable de la pénurie de médecins ?

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L'Oeil du 20h : 22/05/19
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Article rédigé par L'Oeil du 20 heures
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Pour comprendre la pénurie de médecins aujourd’hui en France, il faut se replonger au début des années 90. A l’époque du téléphone à cadran et du Minitel, on craignait au contraire le trop-plein de médecins, jusqu’à prescrire un régime draconien, le numerus clausus.

Souvenez-vous, c’était le refrain des années 90, "la Sécu c’est bien, en abuser ça craint". A l’époque il fallait boucher le trou de la Sécu. Les politiques de tous bords en étaient convaincus : diminuer le nombre de médecins ferait baisser les dépenses de santé. Une obsession à l’origine de la pénurie actuelle, selon Daniel Walach, auteur de l'ouvrage Numerus clausus, pourquoi la France va manquer de médecins : "Que ce soit Raymond Barre, plutôt à droite ou Michel Rocard, plutôt à gauche, tout le monde disait qu'il y avait trop de médecins."

Les gouvernements successifs ont donc restreint le numerus clausus pendant 20 ans, abaissant le nombre d’étudiants en médecine jusqu’à 3 500 par an. Il faudra attendre les années 2000 pour que la France relance, un peu tard, la fabrique à docteurs.

En 1991 et 1992, celui qui serrait la vis, c’était Bruno Durieux, à l’époque ministre de la Santé. Il admet aujourd'hui avoir trop resserré le numerus clausus : "On a dit, on va réduire le nombre de médecins par le numerus clausus, sauf que ce type d’actions centralisées, à un effet retard de 10 ans. On a créé dans les anées 90 une baisse qui a entrâiné la pénurie d'après. Il faut reconnaître ses erreurs. Mais ce que je fais remarquer, c’est qu’on n’était pas obligés de garder le recrutement des médecins si longtemps si bas."

Si le numerus clausus est resté bas si longtemps, c’est aussi parce que les syndicats de médecins à l’époque y voyaient un intérêt économique, en limitant la concurrence. Le président du syndicat des médecins libéraux, Philippe Vermersch, confie un manque d'anticipation des professionnels de santé : "C’est une erreur de tout le monde, c’est vrai qu’à l’époque les syndicats défendaient ce numerus clausus. Tout le monde avait de quoi travailler et on n’avait pas la notion de désert médical."

A l’époque du numerus clausus le plus sévère, une autre mesure était discutée : ne conventionner que les médecins qui s’installent dans des régions en manque de docteurs. Une vieille idée qui pourrait redevenir d’actualité.

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