L'OMS a estimé mardi que l'usage des téléphones portables devait être considéré comme "peut-être cancérogène"
"Les preuves, qui continuent à s'accumuler, sont assez fortes pour justifier une classification au niveau 2b", (sur une échelle de 5), a estimé le président du groupe de travail mis en place par le Centre international de recherche sur le cancer.
Les experts ont jugé que d'autres recherches étaient nécessaires pour établir un lien de causalité.
"Le groupe de travail a fondé cette classification (...) sur des études épidémiologiques montrant un risque accru de gliome, un type de cancer du cerveau associé avec l'usage du téléphone sans fil", a expliqué le président du Centre, Jonathan Samet, lors d'une conférence de presse téléphonique.
La classification va de 1 (cancérogène pour l'homme) à 4 (probablement pas cancérogène pour l'homme), le niveau 2 étant divisé en 2A (probablement cancérogène pour l'homme) et 2B (peut-être cancérogène pour l'homme).
Ce classement 2b, qui contient également le plomb, le chloroforme et le café, signifie qu'"il peut y avoir un risque, et que donc nous devons surveiller de près le lien entre les téléphones portables et le risque de cancer", a précisé M. Samet.
Une annonce aussitôt minimisée par les industriels
La position de l' Organisation mondiale de la Santé était attendue avec impatience à la fois par les compagnies de téléphone mobile et par des associations, qui dénoncent la présumée dangerosité des portables.
Les premiers n'ont pas tardé à réagir relativisant la portée de l'annonce, soulignant que la catégorie "possiblement cancérigène" regroupait de très nombreuses substances et que les scientifiques n'avaient pas mené de nouvelle étude.
Le groupe international d'experts était réuni depuis huit jours au Centre international de recherche sur le cancer, à Lyon.
Les portables sont plus dangereux que les antennes-relais, selon le patron de France Télécom
La semaine dernière, lors du G8 du numérique à Paris (dit eG8), le patron de France Telecom, Stéphane Richard avait évoqué avec les antennes-relais et la nocivité présumée de celles-ci, sur le plateau de France Télévisions.
D'après Stéphane Richard, ce ne sont pas les antennes qui sont dangereuses mais bien le téléphone portable, puisque c'est lui qui est collé à notre oreille. Il s"est livré à cette explication: “Plus l"antenne-relais est faible ou lointaine, et plus le téléphone - le récepteur- doit émettre de la puissance pour établir la connexion. Or le téléphone est l"appareil que vous collez à votre oreille. Donc plus vous êtes loin de l"antenne et plus votre téléphone est potentiellement nocif”. Les personnes qui s"opposent à l"installation d"une antenne mobile près de chez eux sont “à côté de la plaque”, estime Stéphane Richard.
Stéphane Richard parle des ondes des antennes-relais (vers 11'27)
Selon le patron de France Télécom, les antennes-relais ne sont pas nocives. Il s'agit, selon ses termes, d'une peur “irrationnelle” et “moyenageuse” mais “il ne faut pas dire ‘Bullshit"”, a-t-il remarqué. Jusqu"à maintenant, “jamais les scientifiques, dont ceux de l"Académie de médecine, n"ont pu conclure en l"existence d"un risque avéré lié à l"utilisation du téléphone portable”, s"est-il défendu.
Même constat pour le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) de l"OMS à Lyon. "Les expositions dues aux antennes relais sont d"un ordre de grandeur bien inférieur à celles des téléphones mobiles. Difficilement quantifiable, cette intensité peut être de 5 à 10 fois moins importante", a déclaré mercredi le docteur Robert Baan, chercheur au CIRC.
Toutefois, Stéphane Richard a reconnu que “l"utilisation intensive d"un téléphone portable chez les jeunes enfants est quelque chose à éviter”. Il a également précisé qu'il préférait téléphoner de façon classique avec le mobile collé son oreille, sans utiliser d'oreillette.
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