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Irlande : Amnesty International demande un assouplissement la loi sur l'avortement

Dans un rapport rendu public mardi à Dublin, l'organisation Amnesty International demande aux autorités irlandaises de modifier la législation sur l'avortement, qu'elle accuse de bafouer les droits des femmes, et de mettre en péril leur santé, en créant un climat de terreur autour de ce sujet, très controversé dans ce pays très catholique.
Article rédigé par Arnaud Racapé
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Le 28 octobre 2012, Savita Halappanavar, une femme de 31 ans, est morte d'une septicémie après s'être vue refuser un avortement © Pogatchnik/AP/SIPA)

Quelques semaines après le vote massif en faveur du mariage pour tous en Irlande,  Amnesty International revient à la charge sur l'avortement, sujet encore tabou dans ce pays très catholique. Dans son rapport rendu public à Dublin mardi, l'ONG attaque la législation irlandaise sur l'avortement par l'angle des droits de l'homme : cette loi violerait les droits des femmes, et mettrait leur vie en danger.

Violation des droits des femmes et des filles

La pratique de l'avortement est tout simplement interdite en Irlande, sauf dans le cas où la vie de la mère est en danger. Une nuance apportée il y a deux ans seulement, après la mort par septicémie de Savita Halappanavar, une femme 31 ans. On lui avait refusé l'avortement alors qu'elle faisait une fausse couche à 17 semaines de grossesse. Mais aujourd'hui encore, les victimes de viol, les mamans dont le foetus a une malformation, ne peuvent toujours pas mettre un terme à leur grossesse.

"Traitées comme des réceptacles à bébé"

Pour Amnesty, le constat est clair : avec sa loi sur l'avortement, l'Irlande ne respecte pas ses obligations internationales en matière de droits de l'homme : le droit à la vie, à l'égalité, à la non-discrimination, à la vie privée, etc. "Les droits des femmes et des filles sont violés chaque jour en raison d'une Constitution qui les traite comme des réceptacles à bébé ", s'indigne le secrétaire général d'Amnesty, Salil Shetty. "La pénalisation des femmes qui veulent se faire avorter est inacceptable ", poursuit-il.

Le rapport, réalisé entre septembre 2014 et avril 2015 auprès de 26 femmes, s'en prend tout particulièrement au 8e amendement de la Constitution irlandaise, qui garantit l'égalité des droits, autant que possible, entre le foetus et la femme enceinte.

"Je ne me sentais pas en sécurité du tout, j'avais peur"
 

Des femmes contraintes d'avorter à l'étranger

Pour appuyer son propos, l'ONG donne des exemples de femmes contraintes de porter des foetus morts, jusqu'à devoir traverser les frontières pour avorter à l'étranger. 4.000 Irlandaises y seraient poussées chaque année, comme Lupe, citée dans le rapport : "Je ne me sentais pas en sécurité du tout.. J'avais peur ", témoigne-t-elle.

Le danger vient aussi de ce climat de terreur entretenu par la loi : les femmes sont pénalisées, et leurs médecins aussi, s'ils leur donnent des renseignements pour avorter, si bien qu'un certain nombre de femmes finiraient par éviter les praticiens.

Les défenseurs de cette législation, eux, ont dénoncé l'obsession d'Amnesty International pour la loi irlandaise : "Il n'existe pas de traité ou convention parlant d'un supposé 'droit à l'avortement', alors que le droit à la vie pour tous est largement reconnu par la loi à travers le monde ", a souligné Niamh Ui Bhriain, membre du Life Institute.

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