Insuffisance cardiaque :"Je voulais faire le point avec vous sur votre état de santé", en Normandie, la télésurveillance permet de sauver des vies
Dans les hôpitaux de la région, les professionnels de santé suivent les patients qui souffrent d'un insuffisance cardiaque et guettent tous les signaux d'alerte pour éviter une nouvelle hospitalisation.
En France, entre 400 000 et 700 000 personnes souffrent d'insuffisance cardiaque sans le savoir. L'Assurance maladie lance, mardi 20 septembre, une grande campagne de sensibilisation sur cette affection chronique qui touche 1,5 million de personnes, souvent après des infarctus. La télémédecine peut aider à sauver des vies. Une étude, parue en juin dernier dans la revue ESC Heart Failure (en anglais), a été menée pendant huit ans en Normandie auprès d'insuffisants cardiaques a démontré que les malades suivis à domicile par télésurveillance avaient deux fois moins de risque d'être à nouveau hospitalisés et que leur taux mortalité était inférieur d'un tiers à celui de patients qui n'utilisaient pas ce service.
La télésurveillance est assurée par les hôpitaux de la région, notamment le CHU de Caen. Dans un petit bureau du 9e étage, au service cardiologie, Véronique Rouxel suit au quotidien une cinquantaine de patients insuffisants cardiaques. "Bonjour, c'est Véronique", dit au téléphone la soignante auprès d'un des patients suivis. Ils ont tous à la maison une tablette connectée, une balance et de quoi prendre leur tension pour remplir le questionnaire. "Je voulais faire le point avec vous sur votre état de santé parce qu'il manque quelques éléments, explique Véronique Rouxel au patient. Vous n'avez pas d'œdème là pour l'instant ? Non, et vos jambes ne sont pas enflées ?"
70 000 morts par an en France
L'infirmière spécialisée guette tous les signaux d'alerte : essoufflement, prise de poids, œdème et fatigue. En cas de problème, elle prévient le médecin du patient. "Au niveau alimentaire, il ne me répond pas en général, c'est pour ça que je creuse un petit peu en l'appelant de temps en temps mais en revanche il répond bien aux questions sur son poids, détaille la soignante. On lui a aussi demandé de prendre sa tension hier, là aussi son moral et son "état de fatigue. Les patients les négligent un peu mais quand un patient nous met qu'il à 8 sur 10 en état de fatigue c'est quand même qu'il fait une poussé d'insuffisance cardiaque."
L'insuffisance cardiaque fait 70 000 morts par an en France. On ne peut pas en guérir mais grâce à ce suivi à domicile pendant six mois le professeur Rémi Sabatier a trouvé une façon de stabiliser la maladie. "En sortie d'hospitalisation, il y a une période où le patient a un risque de revenir à l'hôpital pour la même chose, indique le professeur. C'est très fréquent et de l'ordre de 30% sur les trois premiers mois. Pour éviter cela on doit l'avoir à l'œil tout simplement et lui apprendre à se surveiller. Parce qu'évidement si on faisait ça uniquement en faisant tout à sa place, on n'aurait un résultat que le temps de la télésurveillance."
"Une des particularités qu'on a pu montrer dans notre étude, c'est que les patients qui adhérent bien à la télésurveillance, telle qu'on la fait ici, savent ensuite modifier leurs comportements de façon durable. Là, on est gagnant parce que une fois qu'on a arrêté les six mois, beaucoup de patients vont continuer à se rendre compte que s'ils ont pris un petit peu d'œdème ce n'est pas normal et il faut qu'ils aillent voir leur médecin rapidement."
professeur Rémi Sabatierà franceinfo
La Normandie est à la pointe de la télésurveillance des insuffisants cardiaques, et pourtant, faute de moyens seulement 10% des patients sont suivis par les hôpitaux de la région.
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