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Ségur de la santé : quatre questions sur l'enveloppe de 6 milliards d'euros prévue pour le personnel soignant

Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a dévoilé mercredi le budget prévu pour les hausses de salaires des soignants : six milliards d'euros, à partager entre hôpitaux et Ehpad publics, mais aussi pour partie avec le secteur privé.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des manifestants demandent plus de moyens pour l'hôpital public lors d'une mobilisation à Paris, le 16 juin 2020. (KARINE PIERRE / AFP)

Un mois après le lancement du Ségur de la santé, le gouvernement met fin au suspense sur l'enveloppe consacrée aux augmentations de salaires des soignants. Le ministre Olivier Véran a évoqué, mercredi 24 juin, la somme de six milliards d'euros, qui devrait être répartie entre les hôpitaux, les Ehpad et les établissements privés. Les rémunérations des médecins, elles, font partie d'une négociation parallèle. 

1Qui est concerné par ces augmentations ?

Cette somme inclut une augmentation générale des salaires des agents de la fonction publique hospitalière, mais aussi une refonte des primes, et des hausses ciblées sur certaines professions, qui pourraient être étendues aux établissements privés, ont précisé trois autres sources. "Cette information m'a bien été confirmée, avec un périmètre qui reste à préciser et dans des modalités que nous souhaitons rapidement approfondir, assure à franceinfo Lamine Gharbi, président de la Fédération des cliniques et hôpitaux privés de France (FHP). Nous saluons la prise en compte des professionnels du secteur privé, c'est la reconnaissance méritée de leur engagement avant et pendant la crise sanitaire. Toutefois, nous serons attentifs à la totale égalité de traitement entre les professionnels des secteurs public et privé."

Ces hausses ciblées concerneraient notamment les catégories soignantes (infirmiers, aides-soignants) et médico-techniques (techniciens de laboratoire, manipulateurs radio), selon un projet d'accord présenté lors d'une précédente réunion, vendredi 19 juin.

2Quand cette hausse est-elle censée entrer en vigueur ?

Ce projet d'accord, remis aux syndicats, prévoit que l'augmentation générale des salaires dans le secteur public entre en vigueur "à compter du 1er juillet" pour le million d'agents du secteur public, qu'ils soient titulaires ou contractuels.

Pour un responsable syndical, la négociation salariale peut désormais commencer car "on connaît enfin le bas de la fourchette". A deux semaines de la conclusion du Ségur, "on entre dans le 'money-time'", a insisté ce syndicaliste.

Six milliards, c'est "une somme importante", a souligné de son côté une responsable de la Fédération hospitalière de France (FHF), qui avait évalué les besoins à 5,5 milliards d'euros, mais pour le seul secteur public. Il "reste à travailler, négocier et s'accorder sur le périmètre et la répartition", a-t-elle ajouté.

Même discours du côté de la CFDT et de son secrétaire général, Laurent Berger, jeudi matin sur franceinfo : "Ce n'est pas anodin, ces 6 milliards, il faudra voir si c'est suffisant. C'est un bon départ pour la négociation. Il faudra aussi des moyens en termes de recrutement."

3Cette enveloppe est-elle à la hauteur des attentes des syndicats ?

Pour certains syndicats, qui revendiquent une "revalorisation générale des salaires" d'au moins 300 euros net par mois dans les établissements publics, le compte n'y est toujours pas.

L'éventualité de devoir partager une partie de la somme avec le secteur privé, hypothèse qui ne figurait pas dans le projet d'accord, a ainsi surpris plusieurs participants, hostiles à cette idée. "Il faut que le gouvernement revoie complètement sa copie", estime même une responsable syndicale, pour qui "la pression" repose désormais sur les épaules de l'exécutif, "qui a une obligation de résultat". 

Après le succès de leur journée d'action le 16 juin, qui a réuni plusieurs dizaines de milliers de manifestants dans toute la France, plusieurs syndicats (CGT, FO, SUD, Unsa) et collectifs de soignants (Inter-Hôpitaux, Inter-Urgences) ont appelé à de nouveaux rassemblements le 30 juin. Une autre mobilisation est envisagée le 14 juillet, sous une forme encore non définie.

4Qu'en est-il de la rémunération des médecins hospitaliers ?

Pour l'heure, les principaux syndicats de médecins ne se sont pas joints à ces mobilisations, même si leur dernière réunion au ministère a tourné court mardi matin. Mécontents de l'absence de calendrier et de chiffrage concernant leurs rémunérations, ils ont quitté la table au bout d'une heure pour "montrer [leur] mauvaise humeur".

Ils réclament notamment une hausse immédiate de 300 euros net mensuels pour les internes et une forte revalorisation de leur grille de salaires, avec un minimum de 5 000 euros net en début de carrière et jusqu'à 10 000 euros en fin de carrière. Les praticiens hospitaliers en sauront peut-être davantage lors d'une nouvelle séance de discussions programmée vendredi.

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