Retrait de machines défectueuses de dons de plasma : un des lanceurs d'alerte dénonce "une volonté de déni"
Après le retrait en France de 300 machines de dons de plasma supposées dangereuses, l'un des trois lanceurs d'alerte dans cette affaire affirme mardi que les autorités sanitaires étaient au courant depuis trois ans.
Guylain Cabantous, délégué central CGT à l'Etablissement français du sang est revenu mardi 18 septembre sur l'affaire des 300 machines de dons de plasma défectueuses retirées du parc français la semaine dernière. Sur France Bleu Hérault, le lanceur d'alerte parle "d'une volonté de déni" de la part des autorités sanitaires.
Des produits cancérigènes tomberaient dans le sang du donneur
Ces machines de la société américaine Haemonetics étaient destinées à prélever du plasma et représentaient 50% des machines utilisées sur le territoire dans le cadre de ce don. Elles ont été retirées à la suite de l'intervention du procureur du pôle santé du parquet de Paris, qui s'est saisi du dossier. "C'est une mesure de précaution dans l'attente des expertises" diligentées par l'Agence du médicament (ANSM), avait indiqué Sylvie Gross, directrice médicale de l'Établissement français du sang (EFS).
Selon Guylain Cabantous, "ces machines sont dangereuses" parce qu'un joint s'use lors du prélèvement de plasma. Conséquence : "des produits cancérigènes tombent dans le sang du donneur qui va lui être ensuite réinjecté", d'après le syndicaliste, qui fait partie des lanceurs d'alerte dans ce dossier. Il a affirmé que cette anomalie a été découverte "il y a plus de 1 000 jours" par deux anciens salariés de l'entreprise qui avaient informé les autorités à ce moment-là.
"On nous dit que les autorités ne vont rien faire"
Le syndicaliste a ajouté avoir entendu parler de ce problème en février 2017. Il a alors mené ses investigations auprès des deux lanceurs d'alerte de l'entreprise Haemonetics et a recoupé les informations à partir du système de qualité de l'EFS. Le 30 août 2017, il a alerté le président de l'EFS via une note "de 14 pages, avec 600 pages de pièces factuelles". Il a ensuite alerté le ministère de la Santé le 9 novembre 2017. "On ne me répond pas jusqu'à ce que nous menacions de déposer une plainte. Là, nous sommes reçus par le directeur général de la Santé avec l'ensemble du bureau de la fédération CGT de la Santé pour nous dire que les autorités ne vont rien faire", a-t-il affirmé.
"Je pense qu'on est à la veille d'un nouveau scandale sanitaire si les autorités ne prennent pas le problème à bras le corps, si on ne retire pas les machines à plaquettes et si on ne met pas en place les mesures nécessaires pour suivre les donneurs qui ont été exposés ainsi que les personnels", a assuré Guylain Cabantous. Il a rappelé que s'il n'y a "plus de danger pour le plasma", le don de plaquettes peut rester dangereux s'il est effectué sur des machines Haemonetics, qui représentent un tiers du parc français. "Il faut donc demander à donner sur d'autres machines", a-t-il conseillé.
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