"Mission flash" pour l'hôpital : "Une nouvelle mission pour quoi faire ?", s'interroge Pierre Schwob Tellier, membre du collectif Inter-urgences
En déplacement à Cherbourg, Emmanuel Macron a annoncé mardi d'une "mission flash" d'un mois pour faire un bilan des difficultés rencontrées par les services d'urgences.
"Une nouvelle mission pour quoi faire ?", s'interroge mardi 31 mai sur franceinfo Pierre Schwob Tellier, infirmier aux urgences de nuit de l’hôpital Beaujon à Clichy (Hauts-de-Seine) et membre du collectif Inter-urgences. En déplacement à l'hôpital Pasteur de Cherbourg (Manche) mardi, Emmanuel Macron a annoncé la mise en place d'une "mission flash" d'un mois pour faire un bilan des difficultés rencontrées par les services d'urgences et pour ensuite "dès cet été apporter des réponses très fortes pour consolider nos urgences dans cette période", a déclaré le chef de l'Etat.
Pierre Schwob Tellier est très sceptique : "Il me semble que les rapports du Sénat et de l'Assemblée nationale ont déjà décrit la situation dans les hôpitaux." Le collectif Inter-urgences "n'attend pas grand chose" de cette mission confiée au professeur François Braun, président de Samu-Urgences de France. "J'ai plus de craintes que d'espoir", ajoute Pierre Schwob Tellier.
Il "rappelle que la dernière mission sur les urgences a conduit au pacte de refondation de 2019 et cela s'est soldé par la mise en place d'un forfait urgence". Depuis le 1er janvier 2022, tous les patients qui se rendent aux urgences sans être ensuite hospitalisés doivent payer 19,61 euros. "Donc, on attend avec crainte le résultat de cette nouvelle enquête parce qu'on sent en écoutant certains discours que des professeurs et des médecins urgentistes veulent limiter le droit à l'accès aux soins sur notre territoire" alors qu'il "n'est déjà pas égalitaire à l'heure actuelle".
"Il faut repenser la santé pour les besoins de la population"
Pierre Schwob Tellier "ne voit pas, actuellement, de solutions pour rouvrir les urgences d'ici l'été". Selon lui, cela va être "extrêmement difficile voire impossible". Cet infirmier a un sentiment amer. "Soyons clairs, le collectif Inter-urgences dénonce l'insuffisance des capacités dans l'hôpital public, depuis trois ans, avant même le Covid". Il rappelle qu'en 2019, une grande partie des services d'urgences était en grève pendant plusieurs mois, pour demander plus de moyens.
"Il y a trois ans, on annonçait qu'on allait droit vers un effondrement. On est maintenant dans l'effondrement."
Pierre Schwob Tellier, collectif Inter-urgencesà franceinfo
Selon lui, le Ségur de la santé "n'a absolument pas répondu aux questionnements de l'hôpital public. On n'a jamais eu une refonte du système de santé publique". Cette revendication est toujours portée par le collectif Inter-urgences. "Il faut arrêter cette course aux économies, avec encore plus de management oppressif. Il faut redonner de l'attractivité à notre profession, y compris pour le travail de nuit et le week-end", insiste-t-il.
"Il faut stopper les fermetures de lits, les fusions avec des projets d'hôpitaux immenses qui seront des usines du soin. Il faut une refonte complète du système de santé. Il faut repenser la santé pour les besoins de la population et pas pour la nécessité économique de notre pays", conclut Pierre Schwob Tellier.
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