Fermeture contestée des urgences de l'Hôtel-Dieu à Paris
Fin du compte à rebours pour les urgences de l'Hôtel-Dieu à Paris. A partir de lundi, elles sont remplacées par un centre de consultations 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Les cas d'urgence les plus sérieux seront dorénavant conduits vers d'autres établissements.
Ce projet fait polémique depuis son annonce en mai dernier. L'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) souhaite en fait transférer son siège à l'Hôtel-Dieu et convertir l'établissement en centre de recherche et d'enseignement, sans lits d'hospitalisation. Elle justifie cette décision par des coûts de rénovations excessifs. Jusqu'ici, plus de 40.000 patients transitaient chaque année par les urgences de l'Hôtel-Dieu.
Un hôpital "plus adapté" selon la direction
La direction de l'établissement réorganise en effet le service, mais refuse de parler de "fermeture". "L'offre de soins est maintenue sous une autre forme et nous assurons une prise en charge dans le cadre des urgences ", explique Jean-Yves Fagon, le responsable médical de l'Hôtel-Dieu. Mais selon la direction, l'hôpital "n'est plus adapté à une hospitalisation de malades et à des soins lourds ".
"Les pompiers, le Samu, tous les chefs des urgences de Paris, l'ARS, considèrent que la solution mis en oeuvre depuis quelques mois est la solution la plus sécuritaire pour les patients ", explique Jean-Yves Fagon. "Un petit groupe considère qu'il faut continuer à faire tourner des urgences alors qu'il n'y a plus de lit d'aval, plus de réanimation, plus de service de chirugie. Je pense que c'est déraisonnable ", ajoute-t-il.
"Les urgences sont saturées de partout, et des heures d'attente c'est des morts en plus"
Mais les défenseurs des urgences contestent cette vetusté. "On a des urgences qui sont complètement neuves, aux normes, des lits d'hospitalisation, dans un hôpital qui est le seul pour neuf arrondissements, le seul pour 13 millions de touristes, le seul pour 400.000 habitants ", explique Gérard Kierzek, médecin-urgentiste à l'Hôtel-Dieu. "C 'est un risque sanitaire, dans le sens ou les urgences sont saturées de partout, et des heures d'attente c'est des morts en plus ", ajoute-t-il.
Enjeu politique
A quatre mois des municipales, le dossier est épineux. Les élus du Front de gauche réclament le départ de Mireille Faugère, la directrice de l'AP-HP. Début octobre, la droite parisienne avait accusé la majorité socialiste d'entretenir un "nuage de fumée " sur la question.
Les défenseurs de l'établissement dénonçaient encore la semaine dernière le "double-jeu " de la ministre de la Santé, lui demandant de clarifier sa position. Marisole Touraine avait indiqué en juillet qu'elle souhaitait "décaler " la date de fermeture des urgences, une annonce semble-t-il restée lettre morte.
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