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Covid-19 : dans les hôpitaux, "le système est en train d'être paralysé", alerte Patrick Pelloux

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Article rédigé par franceinfo
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"Il y a une problématique de citoyenneté parce que 80% des malades Covid en réanimation sont des non-vaccinés", fustige le président de l'Association des médecins urgentistes de France. 

"On sait que la sixième vague [du Covid-19] va arriver avec le variant Omicron", s'est inquiété dimanche 19 décembre sur franceinfo Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes de France. Selon lui, le système de santé est proche de la paralysie à cause des "non vaccinés" qui réprésente 80% des malades en réanimation.

franceinfo : Quelle est la situation dans les hôpitaux ?

Patrick Pelloux : L'hôpital va mal. Ce qui se passe doit interpeller tout le monde. On est sur une nouvelle bataille de cette pandémie effroyable avec une nouvelle vague, la cinquième, et on sait que la sixième va arriver dans la foulée avec le variant Omicron. Il est en France, il va y avoir une augmentation de la fréquentation des réanimations, c'est évident. Le problème ce sont les non-vaccinés.

Le système de santé est en train d'être paralysé parce qu'on doit soigner, y compris les non-vaccinés, qu'on met en réanimation.

Patrick Pelloux

à franceinfo

Ce qui fait que les vaccinés qui ont d'autres maladies ont des reports d'opération. Il y a une problématique de citoyenneté parce que 80% des malades Covid en réanimation sont des non-vaccinés. Les 20% qui restent sont des malades très spécifiques qui ont des immunosuppresseurs. Vendredi, un homme a fait un infarctus et nous n'avions pas de place pour le prendre en cardiologie sur Paris parce qu'on a fermé des lits de cardiologie pour prendre des malades Covid non-vaccinés. Je suis pour l'obligation vaccinale et il faut nous donner les moyens à l'hôpital pour fonctionner.

Faut-il faire appel au secteur privé ?

Le secteur privé se mobilise mais tout le monde est à genoux. On a envie d'être debout. On le fait parce qu'on a cette vaillance française mais il y a des questions politiques à avoir quant à l'avenir de l'hôpital public et surtout de savoir comment on maintient le personnel quel qu'il soit.

La rémunération des heures supplémentaires va être multipliée par deux dès demain, une compensation des congés payés non pris va être mise en place. Est-ce que cela va amener la paix sociale ?

Ils sont en train d'écoper pour éviter que le navire coule complètement. C'est là qu'il y a un échec du Ségur parce qu'ils ont voulu, avec, pérenniser une politique néolibérale et de casse du service public qui remonte à 30 ans. Le gouvernement de droite comme de gauche y ont été parce que ce sont tous les mêmes penseurs qui essaient de distiller l'idée qu'il faut casser le service public.

La crise du Covid-19 a-t-elle changé quelque chose ?

Rien. Partout en France on ferme et ils sont allés jusqu'à passer un décret disant qu'on peut fermer les services d'urgence la nuit. Rien ne les arrête. Il faut augmenter les salaires. L'augmentation des heures supplémentaires a été faite parce qu'ils s'aperçoivent qu'il faut rendre le métier attractif. Les augmentations du Ségur de 190 euros sont insuffisantes. Il faut avoir comme objectif d'augmenter de 1 000 euros.

À chaque fois on me dit que ce n'est pas possible, mais vous avez vu les profits du CAC 40 ? À un moment, il y a un choix politique. Il faut augmenter les salaires des personnels, changer le management des hôpitaux.

Patrick Pelloux

à franceinfo

On ne peut pas fonctionner avec des managements ou des hôpitaux qui fonctionnent avec des règles de 1958. C'est fini. Le mode de fonctionnement et de gestion du personnel par des narcissiques pervers ce n'est plus possible. Il faut que ce soit dans la bienveillance.

Êtes-vous favorable au pass sanitaire en entreprise ?

Totalement. On ne peut pas avoir un couperet qui dit qu'on va une nouvelle fois empêcher les enfants d'aller à l'école parce qu'ils sont en souffrance. Ce qui sature les hôpitaux pédiatriques c'est le problème de la pédopsychiatrie. On a la chance d'avoir ce vaccin et on a un caprice de riche parce qu'il y a des pays où il n'y a pas ce vaccin. Donc, il faut avoir ces mesures dans l'entreprise. Si jamais Omicron est virulent, on sature les hôpitaux. Qu'est-ce qu'on va faire ? On va reconfiner, arrêter la culture, les restaurants ? Ce n'est pas possible alors qu'on a le vaccin. L'année dernière on ne l'avait pas, cette année on l'a, il faut en profiter.

Faut-il étendre le pass aux établissements scolaires ?

Aux universités c'est une évidence. À mon avis, il faut aussi vacciner les enfants, il faut avoir une attitude responsable. Il faut une politique internationale parce que le virus continuera à circuler si des mesures ne sont pas prises.

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