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Appel des maires pour réduire les inégalités de santé : "La tendance est à l'américanisation", selon le maire de Strasbourg

Roland Ries a réagi dimanche soir sur franceinfo, après avoir signé une tribune avec d'autres maires, dans le JDD, pour réclamer plus de moyens pour la santé.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le maire de Strasbourg, Roland Ries (ici le 19 septembre 2018) est l'un des signataires de la tribune dans le JDD. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Une vingtaine de maires, dont Anne Hidalgo à Paris, Jean-Claude Gaudin à Marseille ou l'ex-maire de Bordeaux Alain Juppé, ont signé une tribune publiée par le Journal du dimanche dimanche 17 février, réclamant "des moyens pour agir localement" contre les "inégalités sociales de mortalité et de santé" en France. Roland Ries, maire socialiste de Strasbourg, a également signé cet appel. Il estime, ce dimanche sur franceinfo, qu'en matière de santé, la tendance est un peu à "l'américanisation qui consiste à dire : 'Donne-moi ta carte de crédit et puis je te soignerai.' On n'en est pas tout à fait là mais c'est ce qu'il faut éviter".

franceinfo : Pourquoi avoir signé cet appel ?

Roland Ries : Dans le domaine de la santé, on est loin de la devise de la France : 'Liberté, égalité, fraternité'. D'autant qu'à Strasbourg, on fait des efforts dans ce sens mais il y a encore du chemin à faire. On a une longue tradition de compétence de santé pour la collectivité locale qui remonte à l'époque prussienne. Et aujourd'hui des avancées ont été réalisées en matière, notamment, de lutte contre l'obésité des enfants. Dans la ville de Strasbourg, on a constaté que, dans certains quartiers, il y avait quatre fois plus de risque d'obésité que dans d'autres endroits plus favorisés de la ville. Mon adjoint à la santé a donc développé un programme qui s'appelle Précoce et qui consiste à donner des conseils diététiques aux enfants des quartiers, de façon à réduire leur risque d'obésité.

Au delà de cet exemple, êtes-vous confronté à cette fracture sociale en matière de santé ?

On a mis en place un contrat local de santé dans les quatre maisons urbaines de santé. On souhaite développer ces maisons dans les quartiers. On a repris cette tradition strasbourgeoise en matière de compétence de santé afin de la perpétuer. Mais il faut des sous pour faire cela. La prise de position des maires va dans ce sens là (...) L'État devrait favoriser ce type d'initiative.

Le projet de loi porté par Agnès Buzin, ministre de la Santé, et qui propose notamment la création d'hôpitaux de proximité, est-il utile ?

C'est une bonne chose mais on devrait aller plus loin parce que c'est tout un environnement social et culturel qui doit être remis en question pour faire en sorte qu'en matière d'obésité, par exemple, on n'ait pas des disparités aussi importantes que celles que j'évoquais précédemment (...) La santé coûte cher aujourd'hui en France, mais c'est notre bien le plus précieux. Nous ne sommes évidemment pas les plus mauvais dans ce domaine-là au niveau national. Mais la tendance est un peu à l'américanisation. Cela consiste à dire : 'Donne-moi ta carte de crédit et puis je te soignerai'. On n'en est pas tout à fait là, mais c'est ce qu'il faut éviter.

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