Un bébé naît deux fois aux États-Unis : "Une opération rarissime"
C'est l'histoire incroyable de Lynlee. Alors qu'elle n'était qu'un fœtus, elle a été sortie du ventre de sa mère, opérée d'une tumeur, puis replacée dans le ventre. Une opération rare et compliquée, comme l'a raconté sur franceinfo Jean-Marie Jouannic, professeur de gynécologie obstétrique au service de médecine fœtale de l'hôpital Trousseau à Paris.
Lynlee n'est âgée que de quelques mois, mais elle a déjà une histoire incroyable. Ce bébé est officiellement né le 6 juin dernier, aux États-Unis. Mais avant cela, il était déjà né une première fois : au mois de mars, il est sorti du ventre de sa mère pour être opéré, puis il a été replacé dans le ventre.
Car Lynlee avait une tumeur au niveau du coccyx, qui aurait pu la tuer. Sa mère et les médecins la découvrent au cours d'une échographie de contrôle au quatrième mois de grossesse. Une alerte sérieuse : cette tumeur, très rare, peut provoquer une insuffisance cardiaque car elle empêche le sang de circuler correctement. "Ce type de tumeur fœtale va concerner à peu près une naissance sur 30 000", explique Jean-Marie Jouannic, professeur de gynécologie obstétrique au service de médecine fœtale de l'hôpital Trousseau à Paris.
Une chirurgie "à ciel ouvert"
Deux solutions s'offrent alors aux médecins : soit opérer le fœtus, soit attendre la naissance du bébé pour intervenir. La mère choisit la première solution. L'opération se déroule à 23 semaines et cinq jours de gestation, alors que le fœtus ne pèse que 460 grammes.
Une telle opération est dite "à ciel ouvert", car il y a une incision de l'utérus de la mère. "Généralement, on n'extrait pas le fœtus de l'enceinte utérine, mais au travers de l'ouverture, on va pratiquer un acte chirurgical", décrit Jean-Marie Jouannic. Sauf qu'ici, Lynlee est sortie une vingtaine de minutes du ventre de sa maman. L'incision est trop grande pour la faire in utero. Ce qui "n'est pas traditionnel pour ce type d'intervention."
Des risques pour l'enfant et pour la mère
Un acte chirurgical absolument rarissime, ajoute Jean-Marie Jouannic mais nécessaire. "Cette opération est risquée pour le foetus. Mais on est dans une situation exceptionnelle où cette tumeur met en jeu le pronostic de la grossesse, et s'il n'y a pas d'intervention, la mort fœtale est quasi certaine. Donc, dans ces cas-là, on est en droit de se poser la question de prendre un risque maximum pour le fœtus."
Mais à long terme, le plus compliqué à gérer, selon Jean-Marie Jouannic, c'est la cicatrice suite à l'opération. "On fait une incision au niveau de l'utérus, comme pour une césarienne, à la différence près que cette ouverture va se faire au niveau du corps utérin, et cette cicatrice va rester pour toujours, et elle va représenter une zone de fragilité, à la fois pour la grossesse qui va se poursuivre, mais aussi pour les futures grossesses. Donc tous les éléments sont à mettre en balance pour guider au mieux les couples dans leur choix."
Lynlee a aujourd'hui cinq mois, et se porte bien
Trois mois après cette fameuse opération, Lynlee naît une seconde fois, et pour de bon cette fois. Elle est réopérée huit jours après sa naissance, pour finir d'ôter des petits fragments de tumeurs qui n'avaient pas pu être enlevés lors de la première opération.
Après quelques semaines passées à l'hôpital, Lynlee a été autorisée à entrer chez elle avec sa maman. Elle est aujourd'hui âgée de cinq mois, et est en bonne santé.
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