Davantage de bactéries pathogènes retrouvées chez les bébés nés par césarienne
Quel est l’impact d’une naissance par césarienne sur le microbiote intestinal des bébés ? Des chercheurs britanniques du Wellcome Sanger Institute et de l’University College London viennent de confirmer grâce à une vaste étude un résultat déjà observé : le mode de naissance constitue un facteur significatif qui affecte la composition du microbiote intestinal pendant la période néonatale et jusqu’à la petite enfance. Ils publient leurs résultats dans le journal Nature le 18 septembre 2019.
Et cela pourrait jouer sur la santé des enfants : ceux nés par césarienne présentent en effet davantage de risque de développer un diabète de type 1, une obésité, des allergies et de l’asthme dès les premières années de leur vie.
Des bactéries héritées de l’hôpital
Pour réaliser ces travaux, les chercheurs ont analysé 1.679 échantillons de microbiote intestinal prélevés à différents moments entre la naissance et l’âge d’un an chez 596 bébés nés à terme dans des hôpitaux britanniques.
Résultat : quand les premières bactéries des bébés nés par voie vaginale étaient héritées du vagin de leur mère, celles des bébés nés par césarienne venaient principalement… de l’hôpital. Ces bébés récupéraient alors dans leur microbiote des bactéries potentiellement pathogènes telles que celles du genre Enterococcus, Enterobacter, Klebsiella ou encore Pseudomonas[1].
"Ce qui me surprend et me fait peur, c’est la quantité de microbes hospitaliers présents chez ces enfants" confie à la BBC le docteur Trevor Lawley, co-auteur de l’étude. Ces bactéries pourraient en effet "représenter 30% de leur microbiote total" précise-t-il. L’environnement local joue donc un "rôle critique" dans la "mise en place du microbiote intestinal dès le plus jeune âge" appuient les chercheurs dans leur étude.
Pas de "sas" vaginal
Comment expliquer ces résultats ? A la naissance, les bébés passent d’un environnement stérile - l’utérus de leur mère - à un environnement riche en bactéries : le monde qui les environne. Lors d’une naissance par voie basse, le bébé passe par le vagin avant d’être confronté à l’air qui l'environne. Il récupère alors les bactéries vaginales et de la zone du périnée qui vont coloniser son corps et son système digestif pour constituer son premier microbiote. Mais lors d’une césarienne, ce "sas" vaginal est absent et les premières bactéries avec lesquelles le bébé est en contact sont celles de l’air de l’hôpital.
Un risque d’infections résistantes
Problème, ces bactéries potentiellement pathogènes présentent souvent des gènes de résistance aux antibiotiques et sont donc "susceptibles de prédisposer les individus à des infections opportunistes résistantes" écrivent les chercheurs dans leur publication.
Pour favoriser la colonisation du tube digestif par des bactéries maternelles non pathogènes chez les bébés nés par césariennes, des médecins ont déjà mis au point une méthode innovante de "recolonisation" bactérienne. Elle consiste à prélever des bactéries dans le vagin de la mère par exemple sur un écouvillon qui sera ensuite donné à téter au nourrisson.
Reportage "Comment renforcer le microbiote des bébés nés par césarienne" diffusé le 10 janvier 2018 dans le Magazine de la Santé.
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[1] Toutes ces bactéries sont potentiellement pathogènes et opportunistes et peuvent être à l’origine de septicémies, d’infections urinaires et intestinales ou encore de pneumonies.
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